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27 mai 2008 2 27 /05 /mai /2008 14:38




De prime abord, la question parait farfelue n'est-ce pas ?
J'entends presque arriver les premiers commentaires :

                  "Enfin ! tu est infirmier(ère), cela fait partie de ton travail que d'écouter les gens !"

                                        "Si les soignants n'écoutent plus les patients, qui le fera ?"


Je le pensais également jusqu'à ce que j'assiste à une conférence sur ce thème, animée par Florence Graff, psychologue au sein de l'association JALMALV*.

En redéfinissant la notion d'écoute, la "vraie", celle-ci m'a fait réfléchir et prendre conscience d'un paradoxe assez effrayant concernant l'exercice de la profession de soignant...


Pour résumer son exposé, "écouter l'autre" implique une neutralité bienveillante, ne pas proposer de solutions, mais permettre à l'autre de "vider son sac" sans se sentir jugé.

L'une des conditions INDISPENSABLES à l'écoute est donc la DISPONIBILITE, ce qui implique :

              - de pouvoir consacrer du temps ;
              - d'être suffisamment disponible dans sa tête pour être concentré sur les propos de l'autre.

Elle précise également que lorsque l'écoute est "inadaptée" (par exemple lorsque l'écoutant coupe la parole, essaie de dédramatiser, propose des conseils...), les conséquences pour la personne écoutée peuvent être plus néfastes que si elle ne s'était pas confiée du tout...!

En effet, elle pourra se sentir ridicule, de s'être plainte pour rien, mais aussi incomprise, frustrée, et sera tentée de s'enfermer davantage dans sa souffrance...

Il est donc important, lorsque l'on souhaite écouter une personne, de rechercher une certaine qualité de relation.

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Bien... Penchons nous à présent sur les conditions d'écoute proposées dans bon nombre d'établissements de santé, qui je pense ne peuvent être dissociées des conditions de travail.
Je ne prétends pas représenter l'ensemble des professionnels, je me baserai donc sur mon expérience :

- Effectifs calculés au plus juste, voire sous-effectifs flagrants ;
- Principe de gestion collective des patients ;
- Environnement mouvant (c'est le cas à partir du moment où l'on travaille en relation avec des êtres humains), dans lequel l'imprévu est fréquent ;
- Stress, pression des responsabilités.

Pour moi, par nature, un tel environnement NE PEUT PAS FAVORISER UNE ECOUTE DE QUALITE, car il rend le soignant peu disponible en temps et l'esprit préoccupé par de multiples taches à réaliser.

Mais dans le même temps CELA FAIT PARTIE DE CE QUE L'ON ATTEND DU SOIGNANT !

Peux-on à ce stade évoquer une certaine schizophrénie du système ?

Je n'ai malheureusement pas de solution réaliste à proposer, je voulais juste proposer cet éclairage.
C'est tout de même culpabilisant de prendre conscience que "mal écouter" peut être pire que de ne pas écouter du tout...

Pour terminer sur une note plus positive, heureusement les personnes malades ou dépendantes disposent souvent d'autres personnes ressources : famille, amis, psychologues...
J'insiste sur leur rôle essentiel, souvent peu reconnu.


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* JALMALV : "Jusqu'A La Mort Accompagner La Vie" = association proposant écoute et soutien aux personnes atteintes de cancers, en fin de vie, ainsi qu'à leurs familles.
http://www.jalmalv.fr/


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En guise d'annexe, un petit texte d'un auteur anonyme indien :


PEUX TU SIMPLEMENT ECOUTER ?


Quand je te demande de m'écouter et que tu commences à me donner des conseils, tu n'as pas fait ce que je te demandais.

Quand je te demande de m'écouter et que tu commences à me dire pourquoi je ne devais pas ressentir cela, tu bafoues mes sentiments.

Quand je te demande de m'écouter et que tu sens que tu dois faire quelque chose pour résoudre mon problème, tu m'as fait défaut, aussi étrange que ça puisse paraitre.

Ecoute, tout ce que je demande, c'est que tu m'écoutes.
Non que tu parles ou que tu fasses quelque chose : je te demande uniquement de m'écouter.

Les conseils sont bon marché, pour quelques sous j'aurai dans le même journal le courrier du coeur et l'horoscope.

Je peux agir par moi même, je ne suis pas impuissant, peut-être un peu découragé ou hésitant, mais non impotent.

Quand tu fais quelque chose pour moi, que je peux et ai besoin de faire moi-même,
tu contribues à ma peur, tu accentues mon inadéquation.

Mais quand tu acceptes comme un simple fait que je ressens ce que je ressens (peu importe la rationalité), je peux arrêter de te convaincre, et je peux essayer de commencer à comprendre ce qu'il y a derrière ces sentiments irrationnels. Lorsque c'est clair, les réponses deviennent évidentes et je n'ai pas besoin de conseils.

Les sentiments irrationnels deviennent intelligibles quand nous comprenons ce qu'il y a derrière.

Peut-être est-ce pour cela que la prière marche, parfois, pour quelques personnes, car Dieu est muet. Il ou Elle ne donne pas de conseils. Il ou Elle n'essaie pas d'arranger les choses. Ils écoutent simplement et te laissent résoudre le problème par toi même.

Alors s'il te plait, écoute et entends moi.

Et si tu veux parler, attends juste un instant et je t'écouterai.

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28 avril 2008 1 28 /04 /avril /2008 08:37


Aujourd'hui nous avons la chance d'accueillir un invité sur le "blog de Lynette" !
L'article qui suit traite d'un sujet encore confidentiel, mais qui dénote quelque peu dans le concerto actuel à la gloire des ampoules basse consommation. 
Il a été écrit par mon frère, ingénieur radiofréquence (donc autrement plus calé que moi sur la question !). Bonne lecture !




En refaisant (comme à notre habitude) le monde avec un collègue de boulot, celui m’informa des effets néfastes pour l’Homme des ampoules fluo-compact (ampoules basses consommations).

Le rayonnement électromagnétique produit par ces ampoules est très important et comme tout rayonnement (solaire, nucléaire, …), une dose trop importante et/ou une exposition prolongée nous est nocif. Pensant faire un geste pour la planète, je me retrouve avec une épée de Damoclès au dessus de la tête.

Revenons sur ces ampoules pour y voir un peu plus clair.

 

 

Les ampoules fluo-compacts reposent sur le même principe de fonctionnement que les tubes fluorescents ou par abus de langage, tubes au néon ou tout simplement néons.

D’ailleurs, on remarque qu’elles ressemblent à un tube replié sur lui-même. Un gaz (argon, mercure, néon,…) est ionisé par l’application d’une tension électrique de part et d’autre du tube.

Le gaz crée alors un rayonnement ultraviolet qui est absorbé par un revêtement fluorescent à la surface du tube, transformant les rayons UVs en lumière visible.

 

 

Pour pouvoir s’amorcer, ces ampoules utilisent un dispositif électronique appelé ballast. Celui-ci permet ensuite à l’ampoule de fonctionner correctement en limitant le courant à l’intérieur de celle-ci.

Lors de l'allumage de l’ampoule, le ballast produit un champ électrique d'une intensité de quelques centaines de volt/mètre (cf.
http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,39374801,00.htm).

L'intensité de ce champ décroit ensuite dans le temps mais reste importante (de l'ordre d'une centaine de volt/mètre) dans un périmètre de quelques centimètres. Il faut alors s'éloigner d'au moins 1 mètre pour que l’intensité du champ atteigne le niveau du « bruit » électronique ambiant, c'est-à-dire le niveau généré par la télévision, portable, radio AM et FM, etc … soit 0,2V/m.

 

Selon le CRIIREM (Centre de Recherche et d'Information Indépendantes sur les Rayonnements ElectroMagnétiques), la recommandation du parlement européen visant à éviter les effets sanitaires à long terme (rapport Tamino) du 6 novembre 1998, préconise de ne pas dépasser 1 V/m !

Entre parenthèses, les antennes relais GSM en France sont limitées par des normes laxistes à 41 volts/mètre à 900 MHz et à 58 volts/mètre à 1 800 MHz. Aujourd'hui, les craintes se portent sur ces antennes et sur les lignes à hautes tensions alors que le rayonnement produit par ces ampoules est bien supérieur.


Mais quels sont les risques pour la santé ?



De nombreuses études sur des animaux montrent que l'exposition aux champs EM provoque un affaiblissement de nos défenses immunitaires. Une personne exposée se défend moins bien contre les cancers hormono-dépendants, contre les maladies infectieuses etc...

 

De plus, des études mettent en cause les champs EM dans l'apparition de troubles neurovégétatifs : troubles de sommeil, fatigue anormale, nervosité, maux de tête, stress, dépression.

Leurs causes peuvent être très diverses et il est souvent difficile de faire la relation entre le trouble constaté et l'exposition aux champs EM. Néanmoins, il fut constaté une disparition des troubles chez les personnes après l'élimination des champs EM de leur environnement.


En clair donc, ce genre d'ampoules est donc à éviter pour les lampes de chevets, les lampes au dessus de l'évier et du lavabo (proche de votre tête), ...



Préférez alors des ampoules traditionnelles à incandescence car ces ampoules ne sont pas souvent utilisées (quelques minutes par jour) donc l'excès de consommation est négligeable.

 

Une autre alternative aux ampoules fluo-compact est les ampoules à LEDs qui ne disposent pas de ballast mais d'alimentations à découpage.

Celles-ci sont soumises à des normes plus strictes en termes de rayonnements électromagnétiques.

 

 

 

Le rôle de cet article n’est pas de vous faire renoncer à vos efforts concernant l'environnement mais à vous informer et à vous mettre en garde sur les rayonnements électromagnétiques produits par ces ampoules et sur leurs effets.

Pour reprendre les propos de Pierre Le Ruz, Docteur en physiologie animale et expert européen des nuisances électromagnétiques, que j’ai rencontré lors d’une conférence à Grenoble en avril 2008 :

« Nous utilisons tous les jours le gaz. Nous savons que c’est dangereux mais nous l’utilisons car on prend des précautions. »

Il faut prendre des précautions quant à l’utilisation de ces ampoules, ainsi que tous appareils émettant des micro-ondes (four, téléphone portable, wifi, …), sans pour autant arrêter de les utiliser.


Pierrick
Ingénieur radiofréquence

 

 

Sources :

·         http://www.naturavox.fr/article.php3?id_article=3352

·         http://www.next-up.org/Newsoftheworld/All.php

·         http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,39374801,00.htm

·        http://riimem.blogspirit.com/archive/2007/09/26/ampoules-a-economie-d-energie-alerte-a-l-allumage-electropol.html

·         http://www.neomansland.org/article-14535236-6.html

·         http://seme.cer.free.fr:80/index.php?cat=pollutions-electriques

·         http://www.criirem.org/doc/lbc_arcacriirem_Mise%20en%20Garde%2008-2007.pdf

          http://fr.wikipedia.org/wiki/Ballast_(%C3%A9lectricit%C3%A9)

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31 mars 2008 1 31 /03 /mars /2008 15:33

 






Si l’on en croit les dernières informations, Ingrid Bétancourt serait sur le point de mourir, voire déjà morte. On la sait malade (atteinte d’une hépatite) affaiblie physiquement et psychologiquement par les mauvais traitements, alors qu’elle est retenue depuis 2002 par les forces armées révolutionnaires colombiennes en pleine jungle.




 

Il est troublant de constater combien les initiatives politiques se multiplient au fur et à mesure que les nouvelles sont de plus en plus alarmantes.

-         Le président colombien Urribe, qui avait jusqu’alors catégoriquement refusé de négocier avec les FARC, vient d’autoriser les guérilleros à quitter le pays en cas de libération des otages.

-         Le premier ministre François Fillon a confirmé que ces mêmes guérilleros pourraient être accueillis par la France.


 

 


Au delà de la libération d’Ingrid se pose alors une question éthique : notre pays se propose d’accorder l’asile politique, et par la même occasion l’impunité, à ces hommes qui séquestrent, torturent, et sèment la terreur pour mieux contrôler l’économie de la drogue…

Alors que dans le même temps, nos préfectures refusent d’accorder des papiers à des étrangers qui ne demandent qu’à travailler et vivre dans la légalité… Ca mérite réflexion.

 

Mais l’ex-mari d’Ingrid Betancourt craint que ces annonces ne traduisent en fait son décès, chacun « ouvrant le parapluie » en tentant de montrer au reste du monde que tout a été mis en œuvre pour sa libération.


Si c’est le cas (nous en saurons probablement plus dans les prochains jours), nul doute que lui seront rendus les honneurs de la nation. La bulle médiatico-politique vibrera à l’unisson pour saluer son immense courage, sa ténacité politique dans l’un des pays les plus dangereux du monde, pour tenter de rétablir un peu de démocratie pour ses habitants.
A titre posthume, la France sera fière d’elle…


Pour ma part, je pense que le seul hommage digne qui puisse lui être rendu serait justement de faire « profil bas », de ne pas tenter de récupérer davantage l’issue dramatique de son combat. Et pourquoi pas, s’inspirer de sa conception de la politique.


Même si l’idéal serait qu’elle revienne nous en parler elle-même.

 


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Radio Canada : Ingrid Bétancourt, libération imminente ? (30 mars 2008)

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2008/03/30/005-ingrid-france-dimanche.shtml

 

L’Express : Dossier « Colombie, au dessous du volcan » (février 2007)

http://www.lexpress.fr/info/monde/dossier/colombie/dossier.asp?ida=455791

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9 mars 2008 7 09 /03 /mars /2008 16:06


Parfois, quand on me demande si je fais du sport, je m’amuse à répondre « oui, je fais 7h30 de marche rapide par jour », en faisant référence au boulot bien sur...

Positivons, voici quelques uns des avantages d’être infirmière à l’hôpital !

 

-         Je ne vois pas les heures passer…

-         Je n’ai pas besoin de faire de régime, et je peux me permettre des écarts alimentaires, en sachant que je vais brûler mes calories aussi sec.

-         Je deviens une pro de l’organisation et de la rationalisation des pas.

-         Je développe ma mémoire et ma capacité à faire plusieurs choses en même temps, ces deux derniers points pouvant se révéler fort utiles dans la vie de tous les jours...

 

Le seul petit inconvénient, c’est de rentrer chez soi avec l’impression d’avoir couru un semi-marathon, et à force, ça finit par épuiser.

 

Ambiance, prenons au hasard, un lundi matin …

 

7h15 : fin des transmissions entre l’équipe de nuit et l’équipe du matin, il ne faut pas traîner, la tranche horaire 7h-9h  est un « coup de feu » qui conditionne le reste de la matinée.

"Votre première mission, si vous l’acceptez", consiste à :

 

-         Réaliser les prises de sang pour votre groupe de 8 à 10 malades (et le lundi c’est ravioli, tout le monde y a droit).

-         Distribuer les comprimés pour que les patients puissent les prendre avec le petit déjeuner.

 

Ces deux taches sont prioritaires, car nous avons une double contrainte horaire à respecter :

 

-         le petit déjeuner est servi à partir de 8h15.

-         le coursier chargé d’acheminer les prélèvements aux labos passe à 8h45.

 

Nous endossons donc notre beau costume de serial-piqueuse… Ta-ta-tin !



Chambre 1...undefined

" Bonjoouûrr M. Trichon ! Je suis l’infirmière, je viens pour la prise de sang ! Vous avez bien dormi ? Non ? Ah c’est pas étonnant, les nuits sont rarement calmes à l’hôpital... Puis je voir vos veines s’il vous plait ? Comment ? Vous dites que je vais m’amuser pour en trouver une ? Ah ne vous inquiétez pas on va bien y arriver. […] 5 minutes plus tard… Voilà M. Trichon, c’est fini, je vous laisse les médicaments pour le petit déjeuner ! A tout à l’heure…"

 


Roaaam…. (ensachage, préparation de la prise de sang suivante)


Chambre 2...

 

" Bonjour Mme Bidouille ! C’est l’infirmière… (la dame : commeinnnt ???)  Je disais… C’EST L’INFIRMIERE !! J’AI UNE PTITE PRISE DE SANG CE MATIN.

VOUS AVEZ MAL AU VENTRE ? ECOUTEZ JE FINIS MES PRISES DE SANG ET JE VOUS APPORTE UN CALMANT…"

 

Rooaaaammmm… 


Chambre 3...

 

" M. Pichet bonjour ! Bla bla …. Bla …. Prise de sang !…. Bla bla bla...

Vous êtes tout mouillé ? Excusez moi mais il faut que je termine mes prises de sang, ma collègue aide-soignante va passer pour vous changer…"

 


Et ainsi de suite… Jusqu’à ce qu’on ait fini de remplir les précieux tubes et les voir partir, avec soulagement, le sentiment du devoir accompli. Mouaiiis, super !!!

 


Mais la journée ne fait que commencer, après cette mise en jambes, il faut repartir préparer les injectables, prendre les tensions, passer un peu plus de temps avec chaque patient pour faire le point, avant d’aider la collègue aide-soignante pour le nursing, puis viennent les pansements, les changements de cathéters, le tour de midi, patin, couffin…

Cette tranche de vie racontée sur un ton assez ironique cache malgré tout un sacré sentiment de malaise quand à la manière dont j’exerce mon métier et le type de relation que j’établis avec les patients.

 

Lorsque j’étais étudiante, et lors des premiers mois après le diplôme, j’avais une certaine conception des soins, fondée sur l’écoute, le dialogue, la construction d’une relation de confiance. 

Peut être ne m’y prenais-je pas comme il faut, mais le résultat était que j’étais tout le temps en retard, débordée par la charge de travail et de ce fait souvent en situation de panique, sans compter les heures sup’ qui s’accumulaient, et les dysfonctionnements occasionnés pour l’équipe qui travaillait avec moi…

 

J’ai donc du évoluer dans ma manière d’appréhender le travail, et voilà où j’en suis aujourd’hui : 

undefinedJe considère ma journée de travail comme une série de taches à effectuer dans un temps imparti, à réaliser le plus vite possible, car il y a toujours des imprévus. 

Répondre au téléphone, renseigner les visiteurs, faire le lien avec les autres professionnels (médecins, kinés, brancardiers…) sont autant de petites gouttes, certes utiles, mais qui représentent au final de précieuses minutes...

 



Si bien que je travaille avec une horloge dans la tête et je finis par zapper l’aspect humain du travail. 

Je me rends compte par exemple que j’hésite à engager de vraies conversations avec les patients afin de ne pas rester trop longtemps dans chaque chambre...

 

Exécutante, ouvrière qualifiée de la T2A (la tarification à l’activité, nouvel indicateur de rentabilité dans les hôpitaux), tel est mon ressenti actuel si je devais décrire ma profession.

Est-ce que j'ai envie de continuer à travailler comme ça ? Non.

Comment faire autrement ? Je cherche, pour l'instant c'est la seule manière qui me permet d'assurer les soins à l'échelle d'un service en étant relativement équitable.

Combien de temps vais-je tenir dans ces conditions ? Je ne sais pas.

 

Lynette (un brin désabusée en ce moment)

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27 février 2008 3 27 /02 /février /2008 19:29



Lors de mon précédent article, j’ai tenté de décrire les rouages de la politique menée par le gouvernement Sarkozy en matière d’immigration, et les dérives qu’elle pouvait entraîner.

Pour les personnes qui se sentent concernées par la question, je vous propose à présent de réfléchir sur les moyens dont nous disposons, en tant que citoyens, pour venir en aide, directement ou indirectement, aux étrangers menacés d’expulsion.

En guise d’introduction, je ne saurais trop vous conseiller d’être prudents, car « l’aide au séjour irrégulier » est une infraction à la loi passible de cinq ans de prison et 30 000 euros d’amende. 
Jusqu’à une période récente, les actions à visée humanitaire n’étaient pas considérées comme illégales, cependant, la notion « d’aide au séjour irrégulier » est assez floue et pourrait se révéler à géométrie variable.

 

Les collectifs anti-expulsions

Ces actions spectaculaires consistent à rassembler un maximum de personnes devant les centres de rétention, ou dans les aéroports pour empêcher des expulsions.

Malheureusement, même si elles attirent le regard de l’opinion publique, elles sont le plus souvent vaines, et parfois dangereuses du fait de la répression policière.

Les associations s’accordent donc à dire que c’est en amont que le travail de fond doit être effectué.

 

Le parrainage républicain, ou « baptême républicain »

A l’origine, il s’agit d’une cérémonie civile permettant à des personnes de parrainer un enfant, et s’engager à pourvoir à ses besoins en cas de disparition des parents. Elle représente également l’entrée dans les valeurs de la République.

Dans le cadre du soutien aux demandeurs d’asile, le parrainage républicain permet à des citoyens français d’apporter un soutien symbolique à une personne, une famille. Cependant, il n’a aucune valeur juridique, et les maires ne sont pas tenus de le célébrer.

S’informer +++

Il me parait important de diversifier ses « sources », ne pas se cantonner aux journaux télévisés ou à la presse traditionnelle. Sur Internet, on peut jeter un coup d'oeil à des sites dits « indépendants et citoyens » comme Agoravox, Indymedia, ou Mediapart.

Participer à des réunions publiques, des débats, ne serait-ce que pour écouter, ou encore discuter avec son entourage permet de confronter et faire évoluer ses opinions. 

Enfin, si l’on a l’occasion de côtoyer une personne en situation irrégulière, il peut être intéressant de chercher à comprendre d’où elle vient, ce qui l’a amené à venir en France et la manière dont elle voit les choses.

 

Opposer une résistance idéologique

Il s’agit de proposer une autre image de l’immigration, tordre le cou aux idées reçues, répondre au célèbre « On ne peut pas accueillir toute la misère du monde… »

è    Selon un rapport publié par l’INED (Institut National des Etudes Démographiques) en 2004, l’immigration en France n’est pas massive.

o       La France est le pays d’Europe dont la croissance démographique dépend le mois de l’immigration.

o       Les hommes émigrent moins que ne le prédisent les modèles économiques : « attaché à ses proches, à sa langue, l’homme a mille raisons de ne pas migrer […]De fait, à l’échelle de la planète, une personne sur quarante seulement est installée à l’étranger, souvent du fait d’un conflit local et de préférence dans un pays limitrophe. »

 

Lien : http://www.ined.fr/fichier/t_publication/482/publi_pdf1_pop_et_soc_francais_397.pdf


A titre de remarque, on peut s’interroger sur la violence des circonstances amenant une personne à quitter ses racines et chercher meilleure fortune sur un autre continent, au péril de sa vie.
(Selon Fortress Europ, 1861 migrants seraient morts en 2007 en tentant de rejoindre le continent européen, notamment en s’entassant sur des embarcations de fortune).

 

è    Les flux migratoires s’inscrivent dans la continuité de notre histoire.

o       Depuis l’antiquité, le continent européen a été le théâtre de migrations.

o       Au cours des XIXe et  XXe siècle, la France a participé activement à la colonisation des Antilles, du Maghreb, de l’Afrique subsaharienne et de l’Asie du Sud Est. 
Elle a puisé une partie de son développement et de son rayonnement international dans l’exploitation des richesses naturelles et humaines de ces pays. Elle a donc par la même occasion tissé des relations étroites sur le plan culturel et linguistique.

o       Au cours des deux conflits mondiaux, des ressortissants des colonies ont combattu dans les rangs de l’armée française.

 

è    L’immigration peut créer des richesses

o       Après la fin de la seconde guerre mondiale, pour faire face à un besoin croissant de main d’œuvre, des recruteurs français sont allés chercher dans leur pays d’origine des travailleurs (Maghreb et Antilles notamment). A titre d’exemple, ces travailleurs ont construit 90% des autoroutes françaises.

o       En 2008, la France compte plus de deux millions de chômeurs, mais certains secteurs comme le bâtiment, la restauration ou le paramédical font face à une pénurie de main d’œuvre ! Certains observateurs préconisent donc de relancer l’immigration afin de combler ces postes vacants.

Remarque : Le gouvernement actuel a bien compris cela, mais conduit une politique d’immigration sélective, (lois du 20 décembre 2007) qui donne la priorité aux ressortissants des pays de l’Union Européenne au détriment des pays du reste du monde.

o       En consommant et en payant des impôts, les personnes immigrées participent à la croissance économique du pays.

 

Résister aux tentations de la xénophobie


Certes, notre pays fait face actuellement à des phénomènes de ghettoïsation de certains quartiers, de difficultés d’intégration des personnes d’origine étrangère à l’école ou dans le marché du travail. 
Mais les racines du mal sont complexes et pour trouver des solutions, il faudrait analyser le contexte des cinquante dernières années, et remettre en cause les différentes politiques qui se sont succédées !

Au lieu de cela, les raccourcis sont de plus en plus fréquents : avec en toile de fond de nombreux faits divers de délinquance, d’arnaques aux aides sociales, sur lesquels l’actualité ne manque pas d’insister, l’opinion publique est devenue suspicieuse envers les étrangers.  

Si bien que les craintes de voir la France envahie, perdre son identité, qui étaient auparavant le fer de lance du Front National (5% aux élections il n’y a pas si longtemps) se sont étendues et banalisées. Nicolas Sarkozy a largement surfé sur cette vague au cours de sa campagne électorale… Et cela lui a réussi.

C’est troublant, dans les années 30 des craintes similaires étaient véhiculées à l'encontre du peuple juif. (rappelez vous des affiches de propagande, "le juif aux doigts crochus qui enserrait la planète"…)

Il semble que de tous temps, les sociétés aient besoin de trouver un bouc émissaire à leurs problèmes, et de préférence, celui-ci est en position d’infériorité, et… étranger.

A l’heure où le président propose de confier la mémoire des enfants juifs déportés aux écoliers de CM2, il serait bon nous aussi de retenir les leçons de l’histoire, afin de ne pas commettre les mêmes erreurs.

 

Quelques liens intéressants :

 Dossier : Immigration, la nouvelle donne

http://www.liberation.fr/dossiers/sanspapiers/

 

1942-2006: réflexions sur un parallèle contesté, par Emmanuel Terray

http://www.alencontre.org/page/France/MigrTerray10_06.htm

 

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8 février 2008 5 08 /02 /février /2008 12:24
undefinedAllez, rions un peu


"Après la gauche caviar, la droite cassoulet..."

Si vous ne l'avez pas encore vu, je vous laisse découvrir.






Anne Roumanoff Suite Radio Bistrot 20/01/2008
Envoyé par cybik dans Humour sur wat.tv




Un grand éclat de rire salutaire, merci Anne !
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7 février 2008 4 07 /02 /février /2008 22:58



C'est pourtant avec intérêt que j'ai allumé mon poste de télévision ce soir pour regarder Envoyé Spécial, et particulièrement le reportage intitulé "expulsions mode d'emploi". 
Devant la bande annonce, je m'étais dit : "tiens, les médias s'intéressent enfin à la question des sans-papiers..." Mais je me demandais aussi sous quel angle elle serait abordée...

Le magazine de France 2 chercherait t'il à faire du journalisme d'investigation, à dénoncer certaines situations, ou au contraire à brosser le gouvernement dans le sens du poil et rassurer l'opinion ?

En guise d'introduction, les présentatrices annoncent un reportage "inédit", des "'images rares", en soulignant que pour les journalistes de l'émission, les "portes se sont ouvertes". Pourtant le sujet est sensible, je commençais à avoir la puce à l'oreille...

Ayant à présent quelques connaissances sur le sujet, d'un point de vue législatif notamment, c'est avec un oeil un peu plus plus averti que j'ai visionné le reportage. Et je dois dire que plusieurs choses m'ont frappée :

- Tous les policiers filmés sont courtois, calmes, "professionnels". 
Dans les premières minutes, lors d'un embarquement dans l'avion, l'agent explique au futur expulsé "qu'il est là pour que ça se passe bien", puis ajoute "que s'il a besoin de quoi que ce soit il peut lui faire signe " !
Plus tard, la caméra entre dans un centre de rétention, la journaliste demande : "comment gère t'on des familles avec des enfants dans les centres de rétention" ? L'agent répond, l'oeil brillant, habité par sa mission :  "avec beaucoup d'humain"... Il fallait oser.

- Dans de nombreuses autres séquences, en revanche, des scènes d'agressivité de la part des futurs expulsés sont montrées. Un étranger albanais menace de bruler l'avion dans lequel il est embarqué, une jeune femme (ligotée) hurle indéfiniment "je ne pars pas", tandis qu'au centre de rétention, un retenu jette son repas par terre...

- D'autres passages tendent également à montrer que les étrangers s'installant en France profitent des richesses de notre pays. Dans le tout premier témoignage, le malien expulsé explique qu'il a pu envoyer beaucoup d'argent au "pays", de quoi construire deux maisons. Et qu'il n'est donc pas triste de rentrer.

Concernant la séquence sur les "Roms", et le "retour humanitaire" proposé (en fait une aide financière et un aller simple en bus pour la Bulgarie ou la Roumanie), une personne annonce qu'elle gagne davantage à toucher 500 euros de CAF tous les mois, et que ça ne l'intéresse donc pas. Un autre accepte en expliquant qu'il placera la somme sur un compte au pays puis qu'il reviendra en France...



Ce reportage me met donc mal à l'aise, car les étrangers y sont trop souvent présentés comme des profiteurs, des tricheurs, voire des gens dangereux, face aux institutions qui "font leur travail", dans un "état de droit". 

Je ne conteste pas qu'il puisse y avoir de la violence chez les personnes arrêtées, retenues, ou expulsées. Mais il faudrait se demander si cette violence n'est pas davantage liée aux situations, aux contextes dans lesquels elles se trouvent. 

Essayez de rassembler 150 hommes dans un batiment clos, pendant 15 jours... (Déjà que 90 minutes dans un stade de foot ça nécessite parfois 2000 policiers...) Quand aux comportements de rébellion, quelle serait votre réaction si vous étiez dans une telle situation, arraché brutalement à ce qui était votre vie, vos amis, votre famille, votre travail, vos projets... N'essayeriez vous pas de lutter avec l'énergie du désespoir ? 
Aussi, je suis choquée par les propos de l'un des policiers : "vous avez le droit de faire votre cirque...", commentant ensuite à la caméra : "elle refuse tout ce qu'on lui propose pour partir dans la dignité..."

Je constate enfin qu'à aucun moment, la parole n'est donnée aux associations. Pourtant, dieu sait qu'elles jouent un role important. Auraient-elles eu un discours politiquement incorrect ?



A la fin de reportage, il me semble détenir une clé, en écoutant la journaliste qui a mené le projet :

Guylaine Chenu : Agnès, dites nous comment vous avez réalisé ce reportage, comment les portes se sont elles ouvertes ?

Agnès Vahramian : Nous avions demandé les autorisations au mois d'octobre, les deux ministères de l'intérieur et de l'immigration ont réfléchi, nous avons commencé le tournage au 15 décembre. 

Nous avons beaucoup insisté, et finalement la décision a été politique. Les deux ministères se sont concertés pour un feu vert, ils nous ont donc ouvert les portes. Il n'y a pas d'images volées, nous avons filmé à chaque fois avec l'accord de l'administration.

Pourquoi l'ont ils accepté ? Tout simplement parce que nous avons expliqué que nous voulions faire de la pédagogie, montrer le processus de la reconduite à la frontière de l'interpellation jusqu'à l'avion. 

Et pour le ministère de l'immigration pris dans une polémique à ce moment là sur les chiffres, c'était aussi l'occasion de montrer que ce processus est complexe, qu'il est lourd, et que l'administration n'est pas la seule à prendre sa part dans les reconduites aux frontières, qu'il y a des magistrats, que la France doit aussi compter avec les pays d'où proviennent ces immigrants, et que sans doute c'était une façon de désamorcer dans une certaine partie la polémique..
.

"La décision a été politique", "nous voulions faire de la pédagogie", "c'était sans doute une façon de désamorcer la polémique"... 

C'est beau le journalisme d'Etat.

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5 février 2008 2 05 /02 /février /2008 23:54
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« Je suis fatigué. On n’a aucune communication à l’extérieur. Rien ne sort de ce qu’il se passe ici.

Il n’y a pas d’eau chaude dans les douches. Le ballon d’eau n’est pas suffisant pour tout le monde. […] Il n’y a pas de chauffage dans certaines chambres. Mais le commandant s’en fout. On est 250 personnes dans le centre. On est écœuré.

Les gens qui ne sont pas rentrés dans le centre ne savent pas ce qu’il s’y passe. 

La police emmène les médias là où ils ont fait des travaux pour montrer aux Français à la télé, à la radio que tout va bien, que l’on est calme, tranquille et qu’ils s’occupent bien de nous. Mais c’est l’inverse… »

(Témoignage d'une personne en attente d’expulsion au centre de rétention administrative de Vincennes, le 15 janvier 2008).
 
http://quotidiensanspapiers.free.fr/

 

Aujourd’hui c’est un article particulièrement engagé que je vous livre. Le point de départ est ma participation à une réunion publique autour du thème des expulsions de sans-papiers, mercredi 30 janvier à la maison des associations de Grenoble. Intéressée par cette question mais peu informée, j’ai pu y écouter des militants d’associations, des avocats spécialisés dans le droit des étrangers et des témoignages. J’ai ensuite cherché à confronter ces informations avec des recherches personnelles, notamment sur internet.

Mon sentiment est à présent que l’expression « France, terre d’asile, patrie des droits de l’Homme », n’a plus beaucoup de sens. Certes, la question des étrangers en situation irrégulière n’est pas nouvelle, on se rappelle par exemple de l’occupation de l’église Saint Bernard en 1996.

Cependant, depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy aux fonctions de ministre de l’Intérieur puis de président de la République, la politique d’immigration française s’est considérablement durcie et d’inquiétantes dérives sont aujourd’hui pointées par des associations comme Réseau Education Sans Frontières ou la Ligue des Droits de l’Homme.

Cette politique est clairement assumée, comme en témoigne la création du « ministère de l’immigration et de l’identité nationale », et la mise en place de quotas d’expulsions. Pourtant, l’opinion publique ne semble pas se préoccuper outre mesure de la question. Où est passée la France « black blanc beur » dont on se félicitait après la victoire des Bleus en coupe du monde ? Où sont ceux qui manifestaient entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2002 pour barrer la route au Front National ? 
N’y a-t-il plus que le pouvoir d’achat et la vie privée du président qui intéresse les français ???!


Je vois quelques raisons possibles à cette « anesthésie générale » de l’opinion :

-       Les journaux et télévisions sont particulièrement discrets sur le sujet, ou l’abordent dans la rubrique des faits divers, lors de mouvements de grève de la faim par exemple. 

-       L’idéologie dominante véhiculée par les autorités présente l’immigration comme une menace qu’il faut endiguer, car elle serait à l’origine d’une partie du chômage, du déficit de l’Etat et des problèmes d’insécurité. Le vocabulaire employé est stigmatisant : les migrants sont appelés « clandestins », leur séjour est dit « illégal »…

A force d’entendre les mêmes propos répétés, ceux-ci se sont banalisés. Le terme même de « sans-papiers » semble occulter que nous parlons avant tout d’êtres humains… 

-       Les défenseurs de la cause des sans-papiers sont souvent discrédités, qualifiés de « gauchistes », « d’irresponsables ou d’idéalistes n’ayant rien compris à la situation de la France », voire « d’affabulateurs » lorsqu’ils dénoncent des mauvais traitements.

 

« Liberté, Egalité, Fraternité », ça vous dit quelque chose ?

 

Il parait que les valeurs républicaines sont à la mode…

Alors permettez-moi de rappeler quelques principes fondamentaux de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, signée par la France en 1948 :



Article 2 : Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.

Article 9 : Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé.

Article 13 : Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.

Article 14 : Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays.

Article 15 : Tout individu a droit à une nationalité. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité, ni du droit de changer de nationalité.

 

Selon l’esprit de ce document, ratifié par 48 pays, la planète terre appartient donc à l’ensemble des êtres vivants qui la composent, qui sont alors libres d’aller et venir, à condition de respecter les règles nécessaires à la vie en communauté.

La question du contrôle de l’immigration ne devrait donc même pas se poser !!!

Hélas, la Déclaration des Droits de l’Homme n’est « qu’un » idéal à atteindre, et ses principes ne sont que partiellement retranscrits dans la Constitution Française.

Aussi, la France, tout comme ses voisins européens, a légiféré à plusieurs reprises pour contrôler l’arrivée et le séjour des étrangers sur son territoire. Suite à la constitution de l’Union Européenne, ce dispositif concerne aujourd’hui les ressortissants des pays hors UE.

 

Mais au-delà de la question de la régulation des flux migratoires, ce sont les méthodes mises en place par MM. Sarkozy et Hortefeux qui à mon sens interpellent et méritent notre plus grande vigilance aujourd’hui :

 

-          La constitution de fichiers de renseignement


Le fichier « ELOI » (pour éloignement) répertorie les étrangers en situation irrégulière, mais aussi leur famille, les personnes qui les hébergent ou qui leur rendent visite en centre de rétention.

Certains observateurs s’inquiètent également de la création en 2005 de la « base élèves ». Officiellement, ce fichier recense l’ensemble des enfants scolarisés dans le primaire et le secondaire, afin de suivre leur scolarité. Mais il pourrait également contenir des informations sur l’origine ethnique des enfants et leur famille, susceptibles d’être utilisées à d’autres fins. 



-         
La mise en place de quotas d’expulsion, qui augmentent chaque année


15 000 expulsions en 2004, 20 000 en 2005, 25 000 en 2006 et 2007, 28 000 pour 2008…

Les quotas décidés par N. Sarkozy sont devenus des objectifs à atteindre, et pour cela le ministre Hortefeux ne manque pas de convoquer les préfets pour évaluer leurs résultats.

Récemment, des employés de l’ANPE, la Poste, ont dénoncé des pressions qui les incitaient à fournir des informations sur les personnes en situation irrégulière. Il en est de même pour certaines entreprises et agences d’intérim.

Pour décourager les personnes qui souhaiteraient défendre la cause des sans-papiers, l’argument juridique est de plus en plus souvent avancé : « l’aide au séjour irrégulier » est passible de cinq ans de prison et de 30 000 euros d’amende. Pour l’instant les condamnations restent légères, mais cela pourrait évoluer. 

Pour exemple, François Auguste, le vice-président de la région Rhône Alpes, a écopé d’une amende de 450 euros pour avoir tenté de s’opposer au décollage d’un avion contenant une femme expulsée avec son enfant. Au moment des faits, il a également été violenté par des policiers puis placé en garde à vue.

L’effet pervers majeur de cette « politique du chiffre » est de tenir de moins en moins compte des situations individuelles. Ainsi se voient expulsées des personnes qui pouvaient parfaitement prétendre à une régularisation (résidence depuis plusieurs années sur le territoire, maitrise du français, emploi en CDI, enfants scolarisés, intégration sociale, absence d’antécédents judiciaires…). Le résultat : des familles séparées, des parcours brisés.


-          Le retour des rafles policières


Rafle : arrestation en masse faite à l’improviste par la police (dictionnaire Larousse).

Même si ce terme est associé aux heures les plus sombres de l’Histoire, il semble qu’il soit approprié pour désigner ces importants dispositifs policiers intervenant à des endroits stratégiques (métro, gares…) et réalisant des contrôles d’identité au faciès, de manière tout à fait arbitraire.

Depuis les nouvelles lois de 2006 et 2007, la police peut désormais procéder à des arrestations en tous lieux, jusque dans les écoles, les hôpitaux et les blocs opératoires.

Des témoignages font même état d’arrestations d’enfants au sein de leurs classes.

AfficheRESF30.jpg 

Sur ce point, n’est-il pas inadmissible d’infliger pareille violence psychologique à des mineurs et à leurs camarades, d’autant plus qu’en faisant intervenir la police on laisse sous-entendre que l’étranger est dangereux… 


L’école n’a-t-elle pas justement pour mission d’apprendre à vivre ensemble et lutter contre la xénophobie ?


Saluons donc les actions des directeurs d’écoles, enseignants et parents d’élèves qui se mobilisent. Malheureusement, ils ne sont pas souvent entendus.

-        





 
Les enfermements en centre de rétention


Pour rappel, la rétention administrative est autorisée depuis 1981 (loi Bonnet et Peyrefitte). 
Elle consiste à placer les personnes en attente d’expulsion dans des locaux qui « ne relèvent pas de l’administration pénitentiaire ».

A l’origine, la durée maximum de rétention était fixée à 7 puis 12 jours. En 2003, N. Sarkozy a fait voter une loi pour l'allonger à 32 jours, et en 2008, un projet de directive européenne propose de la porter à 6 mois !

Il existe aujourd’hui 24 centres de rétention pour un total de 1443 places (Source : CIMADE), auxquels il faut ajouter 150 locaux de rétention administrative.

Depuis 2005, la loi autorise l’enfermement des familles et même des enfants en bas âge.

Les conditions de séjour à l’intérieur des CRA sont difficiles à évaluer, en raison du peu d’informations qui filtrent, et du nombre limité d’intervenants autorisés à y entrer. Néanmoins, les témoignages se multiplient pour décrire un univers carcéral, dans lequel les conditions de promiscuité, de confort et d’hygiène sont incompatibles avec la dignité de personnes qui n’ont pas commis d’autre crime que de vouloir séjourner sur le territoire français.

Il semblerait que les violences physiques et psychologiques (insultes, privation de sommeil…) y soient régulières de même que le recours aux médicaments psychotropes...

 

En guise de conclusion, je vous invite à lire quelques témoignages parmi les liens suivants. Je vous remercie d’avoir pris le temps de lire cet article, et espère vous avoir donné envie d’en savoir davantage.

 
Lynette


TEMOIGNAGES

---------------------------

Sur le site de l’association « Réseau Education Sans Frontières » :

http://www.educationsansfrontieres.org/?rubrique331

Blog : « A l’école des sans-papiers »

http://sanspapiers.blogs.liberation.fr/sans_papiers/2007/10/arrestation-dun.html

Journal : « le quotidien des sans-papiers »

http://quotidiensanspapiers.free.fr/

 

INFORMATIONS PLUS GENERALES

---------------------------------------------------

GISTI : groupe d’information et de soutien des immigrés, spécialisé dans le droit des étrangers

http://www.gisti.org/index.php

CIMADE : accompagnement des migrants et demandeurs d’asile

http://www.cimade.org/

Rapport d’Amnesty International sur la France pour l’année 2006

http://thereport.amnesty.org/fra/Regions/Europe-and-Central-Asia/France

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25 janvier 2008 5 25 /01 /janvier /2008 12:47



Il avait peine à cacher sa jubilation lorsqu’il l’a annoncé au parterre de journalistes présents à l’Elysée en ce 8 janvier 2008 : ce sera une « révolution sans précédent » dans le secteur de l’audiovisuel…

« La suppression totale de la publicité sur les chaines publiques ». Baoum !!  Personne ou presque ne s’y attendait, à commencer par  les premiers censés être concernés et concertés. 
(NDLR : ce mot a-t-il encore un sens ?)

C’est donc un « drôle » de comble pour Christine Albanel, ministre de la culture et de la communication, et Patrick de Carolis, PDG du groupe d'information qu’est France Télévisions…
Mais au-delà de la mise à mal des sensibilités personnelles se posent pas mal de questions.


carolis.jpg Patrick de Carolis,actuel PDG de France Télévisions, 
  en position délicate 
  (source : Le Figaro.fr)










Pour justifier sa décision, N. Sarkozy affirme, je cite, que le service public audiovisuel ne doit pas « fonctionner selon des critères purement mercantiles », mais de « qualité », sa « vocation étant d’offrir au plus grand nombre un accès à la culture ». Il demande donc par la même occasion « que le cahier des charges de la télévision publique soit revu, profondément. »

Il sous-entend donc que les programmes de France Télévisions ne sont pas de qualité suffisante…
Probablement ne sont-ils pas idéaux, (et en même temps, l’ambition de satisfaire l’ensemble des téléspectateurs est illusoire !), mais  rappelons quand même que les chaines publiques ont au moins le mérite de ne pas diffuser d’émissions de télé-réalité. Et aussi qu’elles proposent régulièrement des créations originales (« l’affaire Ben Barka » cette semaine, les adaptations de Maupassant il y a quelques mois), sans oublier le théâtre et la danse sur Arte. 

Alors peut être peut-on faire mieux ? Mais n’est-ce pas aussi un prétexte visant à rendre acceptable des ambitions qui le sont moins ?

Donner un bon coup de pouce à la concurrence, TF1 en tête…

Un signe qui ne trompe pas, le cours de l’action TF1 a immédiatement augmenté de 10% ! 
Et pour cause, les annonceurs qui achetaient des espaces publicitaires sur France Télévisions vont reporter leurs investissements, d’un montant annuel de 850 millions d’euros. Il semblerait que les chaines privées soient les premières bénéficiaires de cette « manne », mais d’autres médias (presse écrite, téléphonie mobile, internet) pourraient également en profiter.

Compte tenu des affinités affichées du président Sarkozy avec plusieurs grands patrons de l’audiovisuel (Martin Bouygues, Vincent Bolloré, Arnaud Lagardère), la coïncidence n’est pas anodine, et la belle étrenne en ce début janvier difficile à cacher.

A ce stade, je suis tristement effarée de la quasi absence de contestation de la part des autres médias, de l’opposition politique et de l’opinion publique. 

Lors de son discours d’investiture, N. Sarkozy se réclamait le « président de tous les français ».
Aujourd’hui, il prend une décision unilatérale, sans concertation, pour servir les intérêts de ses puissants amis ? L’heure est préoccupante, car la déontologie présidentielle, la hauteur que nécessite la fonction pour servir l’intérêt général n’existe plus.

Mais ce n’est pas tout...

Que va-t-il advenir de France Télévisions ?

N. Sarkozy assure lors de la même conférence de presse que le manque à gagner sera compensé par la taxation des recettes publicitaires des chaines privées, et du chiffre d’affaires de nouveaux moyens de communication, téléphonie mobile et internet en tête. Le financement des chaines publiques serait donc conservé sans pour autant augmenter la redevance…

Oui, mais le « hic », c’est que la création de nouvelles taxes est soumise à l’agrément de la commission de Bruxelles, et qu’il n’est pas certain que celle-ci accepte (la tendance européenne actuelle étant plutôt en faveur d’une libre concurrence et d’une baisse de la pression fiscale, notamment sur les entreprises).

Le président ne peut ignorer cette éventualité, pourtant, à l’heure où j’écris, la décision semble bel et bien entérinée, et sera appliquée au 1er janvier 2009.

D’autre part, en supposant que les fameuses taxes soient mises en place, peuvent-elles rapporter 850 millions d’euros ? 

Et si tel était le cas, les dirigeants des chaines privées et des nouveaux médias « joueront-ils le jeu » ? Ne seront-ils pas tentés de trouver des méthodes de contournement pour payer moins de taxes, surtout si celles-ci visent à financer des chaines de télévision qui restent des concurrents ?!

Si les taxes se révélaient insuffisantes, deux possibilités s’offriraient alors :

-          Augmenter la redevance : ce serait une mesure particulièrement impopulaire qui alourdirait encore davantage le budget des foyers les plus modestes. C’est donc peu probable.

-          Privatiser les chaines publiques : on se dirigerait donc vers la fin du service public audiovisuel.

 
C’est là le fond de ma pensée : pour moi, N. Sarkozy supprime l’autonomie financière du groupe France Télévisions, afin de l’« asphyxier » à petit feu.

En effet, dans cette nouvelle configuration, France Télévisions devient DEPENDANTE de FONDS PUBLICS (la redevance et les taxes étant collectées et redistribuées par l’Etat). 
Donc d’une certaine manière, du pouvoir politique en place !!!

Pour mettre « toutes les chances de leur côté »et continuer à exister, les dirigeants de France Télévisions ne seront-ils pas tentés de se conformer aux désidératas du président en termes de ligne éditoriale et de traitement de l’information ?

Et là je fais le lien avec la formule de N. Sarkozy : « je souhaite que le cahier des charges de la télévision publique soit revu, profondément. » Qu’entend-il par là ? 
Souhaite-il réellement l’amélioration de la qualité des programmes, ou bien que ceux-ci soient davantage mis au service de sa personne ?



Et si France Télévisions dérangeait ?

Alors que TF1 ou M6 ont pris un virage néo-libéral prononcé (cf. les nombreux sujets déclinés par l’émission Capital sur les nouveaux riches et les destinations de rêve), France Télévisions ne faisait-elle pas un peu figure de « résistant » ?

Attention, sans aller dire que les chaines publiques font partie de l’opposition, je voulais simplement souligner que certaines émissions pratiquent encore le débat et le journalisme d’investigation, même si les heures de diffusion sont parfois tardives : quelques exemples :

-       Complément d’enquête a consacré en décembre une émission sur les conditions de détention des sans papiers en attente de reconduite à la frontière. Les journalistes ont donné la parole aux associations mais aussi à Philippe Marini, député UMP à l’origine de l’amendement sur les tests ADN.

 

-       Infra Rouge a récemment diffusé un documentaire argumenté sur la Russie de Vladimir Poutine, les assassinats de journalistes et les enjeux stratégiques liés au commerce du pétrole et du gaz, à l’heure même ou le président Sarkozy adressait ses félicitations au président russe pour la victoire éclatante de son parti aux élections législatives.

   -          C dans l’air est une émission quotidienne de débat politique sur France 5, animée par Yves Calvi. Critiquée par certains, appréciée par d’autres, elle reste une émission bien préparée et sérieuse, à la différence de bien des talks shows tape à l’œil et racoleurs.

Peut être cet espace médiatique échappant encore aux impératifs des sociétés cotées en bourse, ce potentiel vecteur de liberté d’expression dérange t’il, voire devient insoutenable pour notre « hyperprésident » ?

En 2007, France 5 avait supprimé l’émission « arrêt sur images », officiellement dans le but de renouveler ses programmes. Officieusement, il semble que des pressions aient été exercées, l’émission portant un regard critique sur la télévision et les méthodes employées pour mettre en valeur ou désavantager une information, une personne… Une des clés maitresses du système Sarkozy !

 

Pour conclure, l’annonce de la suppression de la publicité sur les chaines publiques me parait particulièrement inquiétante pour l’avenir du PAF, dans le contexte où les grands médias privés sont idéologiquement proches du pouvoir en place.

Pour moi, la volonté d’améliorer la qualité des programmes est un écran de fumée cachant d’autres intérêts bien plus stratégiques. Je crains un recul de la liberté d’expression et à terme la désinformation de masse, peut-être cela a-t-il déjà commencé. (j'en suis en fait assez convaincue...)

Enfin, ayons une pensée pour les salariés de la régie publicitaire de France Télévisions, 300 personnes au total, qui ont vu leur emploi remis en question du jour au lendemain. Souhaitons-leur de nouvelles perspectives professionnelles. 

Au fait, au cas où, dans le secteur de la santé on cherche du monde…

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18 janvier 2008 5 18 /01 /janvier /2008 00:40

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Théâtre Ste Marie d’en Bas dans le vieux Grenoble, en ce jeudi 17 janvier 2008. 
Le festival « paroles de chanteurs » accueille Magyd Cherfi.

Pour ceux qui ne le connaissent pas, il est l’ancien parolier du groupe toulousain Zebda, qui a connu son heure de gloire en 1998 avec le tube « tomber la chemise ». Mais ce serait faire insulte à son talent de le résumer à cette chanson, aussi festive soit-elle.

Car Magyd Cherfi est un artiste engagé, un vrai, tout comme Brassens l’était en son temps. 
Depuis quelques années, il poursuit une carrière solo, a sorti deux albums ("Cité des étoiles", puis "Pas en vivant avec son chien") et écrit des livres. Le ton s’est fait plus intimiste, plus proche de ses convictions également. Il dépeint avec tendresse et ironie son enfance, ses racines méditerranéennes au carrefour de plusieurs cultures, et la société française au travers de petits riens de la vie quotidienne…

Ce qui est remarquable avec Magyd, c’est qu’il est fédérateur, rassembleur autour des valeurs auxquelles il croit : tolérance, respect, fraternité. Celles-ci transpirent dans chacune de ses chansons, par ailleurs mélodieuses et bien arrangées, mélangeant les styles, du reggae au rock en passant par le bal musette… Il s’amuse avec les mots, le public, les musiciens, fait rire la salle rapidement conquise, par exemple lorsqu’il répète tout au long du spectacle que « non, il ne parlera pas de Sarkozy ! », ou qu’il se balade dans le public un panier à la main, offrant un petit gâteau aux spectateurs les plus zélés… 

Ses musiciens sont excellents (des p’tits jeunes « trouvés par hasard à la gare de Matabiau »…).
Son spectacle est intense et spontané, c’est un moment rare qui permet de reprendre espoir en un militantisme positif vers une société plus égalitaire.

Un artiste d’intérêt public, pour l’instant encore confidentiel. Moi j’suis fan.
Garde précieusement tes idéaux Magyd, chapeau l’artiste, et courage, la route est encore longue.

 

Post scriptum : Pour vous donner une idée du répertoire de l'artiste, voici un extrait de l’une de ses chansons, pour moi la plus émouvante, du temps où il chantait encore avec Zebda. 
Malheureusement, c’est mon seul regret, il ne l’a pas chantée ce soir...

CA… LA FAMILLE (extraite de l'album "Utopie d'occase" sorti en 2002)

Je peux vous dire, qu’on a eu du bol on n’est pas nés à Vitrolles
Et quelle chance, on n’était pas de Dreux nous on était nombreux
On n’était pas deux mais peut être un million
Autant que de vermicelles dans le bouillon
Mettez tout ça dans une cocotte en papier
Ca vous fait une idée de c’qu’était le quartier

Pas qu’on était des ogres, un peu désagréables
On voulait juste qu’on vienne nous dire à table
Et tout le temps pressés, par des envies pressantes
Nous fallait qu’on se mette dans la file d’attente...

Refrain : 

C’était... ça la famille, qui... partait en vrille
Cent garçons, quand y avait pas trois filles
C’était... ça la famille et quand fallait qu’elles s’habillent
Cent garçons avaient peur de trois filles
C’était... ça la famille et quand fallait qu’elles s’habillent
Cent façons, de partir en vrille

[…]

C’était pas une maison mais un hall de gare
Et moi j’étais au milieu de la bagarre
Mais je suis sur que ces êtres de mon moulin
A peine entrés en sont sortis plus malins
Et c’est dans ces familles que l’ainé et le plus petit
Payaient cash et personne ne venait leur dire merci…

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