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4 mars 2009 3 04 /03 /mars /2009 21:00



Depuis que j’ai quitté le CHU de Grenoble pour travailler en intérim (et retrouver le contrôle de ma vie...), je fais le tour des maisons de retraite de mon agglomération, et le moins que l’on puisse dire, c’est que l'on est en droit de s’inquiéter à très court terme pour l’avenir de nos anciens, et notamment les plus dépendants d’entre eux.


Certains d’entre vous ont peut être vu le reportage des « Infiltrés » sur France 2, dans lequel une journaliste se fait passer pour une auxiliaire de vie, et filme le quotidien d'un établissement en caméra cachée. On peut y voir des personnes âgées en mal d’écoute, ayant l’impression de vivre « comme des animaux ». Le reportage présente notamment des scènes d’agressivité entre personnel et résidents, et des conditions de sécurité insuffisantes.


Ce reportage a pu vous choquer, c’est compréhensible, néanmoins, sachez qu’il reflète réellement ce qui se passe au quotidien dans nos maisons de retraite. Et l'on ne prend pas le chemin d’une amélioration, bien au contraire…
Je vous propose une petite analyse de la situation actuelle, et des origines du "malaise".



Comment expliquer de telles conditions de séjour dans les unités gériatriques ?



- Rappelons tout d'abord les spécificités du travail auprès des personnes âgées...


Tout comme la grossesse, le vieillissement n'est pas en soi une maladie ! Mais il apporte son lot de "désagréments", variables selon les personnes : 

           - diminution du tonus musculaire
           - troubles de la continence urinaire et fécale
           - troubles de la déglutition
           - troubles sensoriels (perte d'acuité visuelle, auditive, tremblements des mains)
           - troubles cognitifs (pertes de mémoire, désorientation, déambulation...)

Au quotidien, pallier à ces troubles passe par une foule de petits détails, qui ont leur importance, car lorsque la santé est plus fragile, le moindre "bobo" peut avoir des conséquences dommageables et durables.

Exemple 1 : l'importance de sècher parfaitement les "plis cutanés" lors de la toilette (sous les aisselles, plis de l'aine, entre les orteils...) afin de prévenir la macération et l'apparition de mycoses.

Exemple 2 : l'importance de changer de position toutes les 3 heures les personnes alitées grabataires, et masser les points d'appui, afin de prévenir l'apparition d'escarres (plaies extrêmement douloureuses et dont la cicatrisation est ensuite longue et difficile).

Contrairement aux idées reçues, le travail en gériatrie requiert donc une bonne formation, de la rigueur et de la méticulosité.


- Une pénibilité du travail qui favorise l'épuisement physique et psychologique des soignants


La pénibilité physique réside dans la répétition des soins d'hygiène et d'aide à la mobilisation : les aide-soignants (ou auxiliaires de vie "faisant fonction") sont souvent seuls pour tourner les personnes dans leur lit, ou les lever dans leur fauteuil. Il existe des lève-malades électriques, encore faut-il que la structure ait les moyens d'en acheter un, et le cas échéant, qu'il soit en état de marche (le faire réparer prend invariablement des semaines, allez savoir pourquoi...).

Comme actuellement les effectifs sont réduits au minimum pour raisons budgétaires, disons le clairement, les toilettes du matin sont réalisées à la chaine. Avec pour conséquence une augmentation des risques de troubles ostéo-articulaires (mal de dos, tendinites...).

Précisons enfin qu'en cas d'arrêt de travail, le soignant n'est pas systématiquement remplacé, et la charge de travail est alors reportée sur les collègues restants (sans compensation salariale, bien entendu).


Mais parlons également de la pénibilité psychologique du travail en gériatrie, encore moins reconnue.

Le vécu du vieillissement, la perte d'autonomie, provoque chez les personnes âgées un bouleversement des repères et de la personnalité.

Ainsi, certaines d'entre elles "régressent", se placent dans une position d'enfant par rapport au soignant, alors considèré comme un parent nourricier. Elles pourront avoir tendance à se laisser assister, ou attacheront une importance considérable aux détails du quotidien (proche des rituels obsessionnels).

Ces personnes nécessitent d'être stimulées, mais aussi parfois recadrées, car elles tendent à "vampiriser" les soignants au détriment des autres résidents.

D'autres personnes extérioriseront leur mal être par de l'agressivité (de l'oubli des formules de politesse élémentaires aux jurons, insultes, crachats, griffures,...).

En tant que soignant, il est donc important de savoir repérer l'origine de cette agressivité, afin de ne pas se laisser entrainer dans une spirale de violence.
Mais cela devient plus difficile lorsque le temps manque, et/ou que l'on est soi-même fatigué.

Il faut enfin évoquer le cas des personnes démentes, qui, faute de place dans les unités de gérontopsychiatrie, se trouvent hébergées dans les structures traditionnelles. Les troubles du comportement sont alors majeurs, et difficiles à vivre aussi bien pour les soignants que pour les autres résidents : déambulation avec risque de fugue et de chute, logorrhée (la personne parle sans cesse, ses propos sont incohérents, voire parfois limités à quelques syllabes, répétées en boucle), tendance à se dévêtir, coprophagie (la personne joue avec ses excréments, voire les mange...), pour n'en citer que quelques uns.

Ce tableau est certes assez cru, mais je pense qu'il est important de faire connaitre la réalité du quotidien en gériatrie. Il y a aussi des moments formidables où l'on rit, où l'on partage entre jeunes et moins jeunes.
Mais globalement, il reste indispensable que le soignant ait des qualités de patience et d’endurance.


- l'insuffisance de moyens humains accélère le processus d'épuisement


Actuellement, le "ratio" est d'environ un soignant pour sept personnes âgées. Sur le papier, cela peut paraitre raisonnable, mais en pratique, il ne permet pas de personnaliser les soins, ni de consacrer suffisamment de temps au relationnel. Nous obtenons donc un processus de gestion collective des personnes, qui donne effectivement l'impression aux résidents d'être traités "comme des animaux".

Les soignants en ont conscience, pour la plupart. Mais ayant le sentiment de ne pas être reconnus pour leur travail, mal payés, ils se fatiguent, se démotivent, et la qualité des soins en pâtit (retard dans la réponse aux sonnettes, changes à heure programmée, etc...). Insidieusement, les frontières de la négligence et de la maltraitance deviennent floues... 

Parfois éclatent les conflits d'équipe. On en vient à compter le nombre de toilettes réalisées et à "enfoncer" la collègue qui en fait moins parce qu’elle est moins rapide ou qu’elle discute trop avec les résidents. Certains démissionnent et vont chercher meilleure fortune ailleurs, d’autres restent sans remettre en question le système, et la vie continue. L’institution devient pathologique, c’est de la faute de tout le monde et de personne à la fois, ce qui permet à chacun de ne pas trop culpabiliser, même si le malaise est bien perçu.

Mais les victimes collatérales de ce système, ce sont bien les personnes âgées.



La ville de Grenoble va bientot fermer trois maisons de retraite parce qu'elles coutent trop cher !



Nous ne sommes pas au bout de nos peines, car les décisions politiques actuelles ne vont pas dans le sens d'une augmentation de moyens, malgré l'illusion donnée par le "plan Alzheimer" du président.

La France est actuellement confrontée à une pénurie de places en maisons de retraite. Mais dans le même temps, pour améliorer les conditions de séjour, il serait bon de multiplier les petites structures, proches du cadre de vie habituel des résidents, en les dotant d'un personnel suffisant, et qualifié... Alors oui, ça coûte plus cher, mais cet effort n'est-il pas envisageable pour des citoyens qui en leur temps ont travaillé et rendu service à la collectivité ?

Fin 2009, la ville de Grenoble fermera l'établissement des "Delphinelles", parce que son fonctionnement n'est pas suffisamment rentable.

Je suis d'autant plus révoltée qu'il s'agit d'un des rares exemples de structure à taille humaine (trois unités de quartier accueillant entre 19 et 25 résidents chacune). Pour y avoir effectué plusieurs remplacements, l
’ambiance y est plutôt conviviale, et les résidents sont dans l’ensemble satisfaits des prestations. Mais cet argument ne pèse apparemment pas bien lourd...

Le futur consiste t'il dans la construction "d'usines gériatriques", qui risquent fort de devenir des mouroirs ? 

Tout aussi inquiétant, où nous mènera cette logique selon laquelle les citoyens ne créant plus de richesses ne méritent pas que leur soient octroyés les moyens de vivre dans la dignité la plus élémentaire ? 

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13 janvier 2009 2 13 /01 /janvier /2009 13:33



C’était le 24 décembre dernier, à l’heure où la plupart d’entre nous étaient réunis en famille pour les réjouissances d'usage de cette fin d’année. Devant les écrans de télévision, que l’on ne manque jamais de laisser allumés, nous apprenons avec stupéfaction le décès d’Yliès, trois ans, suite à une erreur de l’infirmière qui lui a injecté du chlorure de magnésium à la place d’un sérum glucosé.


L’affaire prend rapidement des proportions nationales, à grands renforts de témoignages à chaud de l’entourage du petit garçon, et alors que l’enquête ne fait que commencer (par ailleurs, où est le respect de la présomption d’innocence et du secret de l’instruction ?).

Le nez devant notre part de dinde et de buche glacée, il est difficile de ne pas culpabiliser et s’identifier à la famille endeuillée.
« Quelle horreur, et si c’était nous… et le jour de Noel en plus ! »


Attention, loin de moi l’idée de minimiser le drame vécu par cette famille. Mais je tiens à dénoncer ce qui me donne envie de vomir : l’instrumentalisation de cet événement à des fins purement politiques.

En effet, depuis « l’affaire Yliès », il n’est pas un jour sans que de nouveaux faits divers dramatiques mettant en cause une erreur médicale ou un dysfonctionnement de l’hôpital ne soient révélés par la presse… Et oh coincidence, voila que l'on nous présente dans la foulée la grande réforme indispensable au système hospitalier français.

 



Quand empêcherons-nous M. Sarkozy de jouer avec nos peurs ?



Malheureusement c’est devenu une habitude. Lorsque M. Sarkozy a une loi ou une réforme sensible à faire accepter, il prépare au préalable l’opinion publique en créant un « buzz » autour du thème en question.

Les médias, tous supports confondus, relaient alors une série de faits divers occupant le terrain de l’actualité sur une quinzaine de jours, visant à démontrer qu’il y a « un réel problème en France », puis tout le bien-fondé de la loi en question.

Le gouvernement n’a ensuite plus qu’à surfer sur la vague des émotions suscitées. Et étrangement, une fois la loi votée, le thème qui faisait tant débat redevient instantanément très secondaire...


Ce même type de procédé fut utilisé pour traiter de la délinquance juvénile, des criminels multirécidivistes, des chiens dangereux, ou encore des accidents de la route provoqués tour à tour par des conducteurs âgés, des personnes diabétiques ou encore des passages à niveaux ( !).



Liberté ? Egalité ? Sécurité…


Je ne surprendrai personne en disant que les problèmes de société ne manquent pas en France.

Combien de personnes vivant sous le seuil de pauvreté ? Au chômage ? Dans un logement insalubre, voire à la rue ? Combien de décès liés aux maladies professionnelles ? Combien de personnes âgées en manque de reconnaissance, de soins et d’affection dans les maisons de retraite et unités de long séjour ?...


Ces problèmes là sont connus depuis longtemps, trop peut être… Alors, en plus d’être difficiles à résoudre, ils n’intéressent plus grand monde. Les gens souffrent et cela fait partie du paysage…


En revanche, les questions liées à la sécurité des français, elles, sont indémodables. Et c’est logique, car elles entrent en résonance avec les peurs enfouies en chacun de nous : nous craignons tous pour la vie de nos enfants, notre conjoint, nos parents...

Il est donc facile de nous manipuler, et nous faire accepter des réponses à base de mesures répressives, de fichiers de renseignement, ou de nouveaux effectifs policiers. « C’est pour la bonne cause, n’est ce pas ?! »


Malheureusement, en plus de restreindre les libertés individuelles, l'exploitation de la peur favorise l'instauration d'un climat de suspicion, dans lequel autrui devient un danger potentiel...
Quelle est la place du dialogue et de la prévention, aujourd'hui ?




L’hôpital dans l’œil du cyclone…


Concernant la prétendue « série noire à l’hôpital », la manoeuvre médiatique est flagrante. Et mise à jour par l'UMP lui-même !

Le Dr Philippe Juvin, secrétaire national chargé de la santé, vient en effet d’annoncer qu’il y aurait 10 000 décès par an provoqués par des erreurs médicales en France.

Donc, si on peut « exploiter » jusqu’à 27 faits divers par jour, comment cela se fait-il que l’on n’en parlait pas avant ce fameux 24 décembre ?...
A méditer.

 

Mais bien plus inquiétante encore est sa proposition dans un interview accordé au Journal du Dimanche le10 janvier :

"Il faudrait obliger tous les hôpitaux à faire systématiquement une enquête après chaque décès, y compris dans les cas qui ne semblent pas liés à l’exercice de la médecine. Une fois que tous ces décès auront été passés au crible, une fois qu’on disposera d’une base de données nationale, une fois qu’on aura fait ce que les spécialistes de l’aéronautique appellent une analyse systémique du risque, on pourra mettre en place des mesures correctrices. Bien sûr, certains établissements renâcleront à déclarer les accidents. Mais les sous-déclarations seront aisément repérées. Dans ce cas-là, on pourra envoyer des enquêteurs dans les hôpitaux, comme cela se fait déjà aux Etats-Unis."

http://www.lejdd.fr/cmc/societe/200902/hopital-ces-10-000-morts-annuels-sont-evitables_178182.html



Lorsque Mme Bachelot s'appliquait à résumer les problèmes du système hospitalier à un "manque d'organisation", j'étais déjà fort en colère, surtout devant l'absence de dialogue avec les syndicats.

Là, je suis atterrée. Il ne manquait plus que ce genre de propos pour instaurer une crise de confiance profonde et durable entre patients et soignants, et tendre vers une judiciarisation des relations (comme aux Etats-Unis, effectivement...). 

"L’affaire Yliès" s'est chargée de nous rappeler que les soignants pouvaient commettre des erreurs, que le risque zéro en matière de santé n'existait pas... Mais nous ne sommes peut être plus capables de l'accepter, habitués à toujours plus de performance et de qualité, dans tous les domaines.


La médecine ne pourra jamais être un produit de consommation comme les autres
.
 

Même assignée à des obligations de résultat de plus en plus grandes, elle restera pratiquée par des êtres humains pour des êtres humains, tous deux non prévisibles et non perfectibles à 100 %.

 



Enfin, il me semble particulièrement malsain de focaliser l’attention sur le moment du décès des personnes, car une partie de la réalité est occultée.

Prenons un exemple : un homme de 65 ans décède d’un infarctus du myocarde à son domicile.
Faut-il attribuer la responsabilité :


- Aux services de secours qui ne sont pas intervenus à temps ? 
- A l'hôpital, dont la salle de coronarographie était occupée, ou le nombre de lits en réanimation insuffisant ?


Ne serait-il pas également judicieux de s’interroger sur les facteurs qui ont amené cette personne à faire un infarctus, tels qu'un régime alimentaire inadapté, le manque d’exercice physique, le tabagisme...?


Enfin, si une personne de l’entourage avait été formée aux gestes de premiers secours, les chances de survie de cet homme n’auraient-elles pas été augmentées ? 

A titre d'information, 27% des français sont formés aux gestes d'urgence, contre 80% en Allemagne... (source : Croix Rouge Française)



Les problématiques de santé sont complexes et dépassent de loin le cadre hospitalier.

En tant que soignante, je trouve particulièrement injuste, inadapté, malsain, partial, le procès actuellement intenté au système hospitalier français. 
La réforme censée apporter des réponses se trompe de cible.

Il est illusoire d'espérer améliorer la qualité des soins par une simple réorganisation, sans augmenter les effectifs.

Mais selon moi, nos dirigeants en sont tout à fait conscients. Et la qualité des soins est un écran de fumée destiné à rendre acceptable des mesures dont l'objectif est avant tout de rentabiliser financièrement notre système de santé.

 

 

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9 janvier 2009 5 09 /01 /janvier /2009 00:10



C'était le 10 janvier dernier, mes petits doigts hésitants tapotaient sur le clavier tandis que mon esprit tentait de se familiariser avec la plate forme d'Over-Blog... Hé ! C'est que pour la trentenaire que je suis, ce n'est pas aussi naturel que ça !

Mais qu'étais-je venue chercher au juste en racontant mes "histoires d'infirmière" sur internet ?!

Un moyen d'expression ? (sur ce qu'il m'était beaucoup plus difficile d'exprimer en service)

L'espoir d'apporter des informations, un certain regard ?

Un peu des deux probablement.


Aujourd'hui, la page de statistiques affiche "10 500 pages vues", et je n'en reviens toujours pas...
Certes, à coté des gros blogs de la toile, qui doivent générer ce chiffre en quelques jours, cela peut prêter à sourire... Mais pour moi, c'est juste énorme ! Pour être honnête, l'article "temps de travail et congés dans la fonction publique hospitalière" représente 80% des consultations... Mais il semble qu'il donne envie à une partie des lecteurs de découvrir d'autres articles.

Je ne m'étendrais pas davantage sur cet article "anniversaire" somme toute assez pompeux !...

Alors je dirai juste " merci ! " à toutes les personnes qui ont pris le temps de parcourir ces quelques pages. J'espère que vous y avez trouvé un intérêt, ou qu'elles vous ont amené à vous poser des questions auxquelles vous n'aviez pas pensé. Merci à ceux qui ont laissé des commentaires et m'ont encouragée, car ce n'est pas si facile d'écrire ! Je continuerais à faire de mon mieux en 2009.

Amitiés, et meilleurs voeux sincères


Lynette

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14 décembre 2008 7 14 /12 /décembre /2008 17:40


Si, comme une majorité d'entre nous...

vous possédez des médicaments non utilisés, non périmés,

et que vous êtes sensibles aux actions de solidarité,

Merci de lire ce qui suit...




C’est vrai, je m’y prends un peu tard, et je m’en excuse, l’idée d’écrire cet article ne m’est pas venue avant. Mais on ne sait jamais, quelques boites de médicaments supplémentaires sont toujours utiles…




La fin de la vocation humanitaire du programme Cyclamed…


Depuis 1993, le programme Cyclamed permettait de ramener les médicaments non utilisés en pharmacie, afin qu’ils puissent être détruits dans des conditions de sécurité satisfaisantes, mais aussi redistribués à des associations humanitaires, à condition d'être intacts et non périmés.


Mais la loi 2007-248 du 26 février 2007 est passée par là. Et ce deuxième volet, qui permettait d’appuyer les missions de solidarité, en France comme à l'international, va disparaitre à compter du 31 décembre 2008. Dans deux semaines, donc.


Les raisons invoquées sont :

-     les difficultés de gestion des médicaments envoyés à l’aide internationale, il est vrai parfois inadaptés, ou tombant dans l’escarcelle de trafiquants.

-     les pratiques douteuses de quelques pharmaciens français, qui revendaient des médicaments récupérés à un prix inférieur.


Que la récupération des médicaments à fins humanitaires pose des problèmes, il faut l'admettre.
Mais fallait-il recourir à son interdiction pure et simple, alors que l’on aurait pu commencer par mieux l’encadrer au niveau législatif et sur le terrain ?


Il semble en revanche que l’industrie pharmaceutique ait pesé de tout son poids pour mettre fin au « recyclage » des médicaments, qui constituait un manque à gagner financier. Car dorénavant, les associations (à but non lucratif, rappelons le) devront acheter les médicaments pour leurs bénéficiaires


Mais nous ne referons pas le texte…  Et à partir du 1er janvier 2009, Cyclamed n’aura plus pour vocation que de collecter les médicaments pour les détruire.
























Alors pourquoi cet article ?



Parce qu’il y a une petite subtilité à connaitre : les associations humanitaires autorisées à distribuer des médicaments conservent le droit de les collecter jusqu’au 31 décembre.

Elles pourront ensuite utiliser ce stock, ce qui permettra de gagner quelques mois avant d'avoir à financer l'achat des traitements.


Prenons l’action de Médecins du Monde en France. Grace à ses centres d’accueil, de soins et d’orientation (CASO) implantés dans les principales grandes villes, des équipes de professionnels bénévoles reçoivent les personnes ne disposant pas d’une couverture maladie suffisante, et n’ayant pas les moyens financiers de payer des consultations et des traitements.

Grace à un réseau de partenaires et aux dons de médicaments, la prise en charge de leurs problèmes de santé s'améliore un peu. Les actions sont concrètes, mesurables, je peux en témoigner personnellement.

Il existe d’autres associations, comme l’Ordre de Malte, qui mènent des actions similaires.



Et si on jetait tous un coup d'oeil dans notre armoire à pharmacie ?


Je me répète, mais même quelques boites peuvent se révéler fort précieuses.  

Une dernière précision : au lieu de vous rendre chez le pharmacien, il peut être plus judicieux de se rendre directement auprès des associations. En effet, de nombreux pharmaciens ne trient déjà plus les médicaments, sachant que la date fatidique approche. Ce serait dommage qu'ils finissent à la poubelle.




Liens :


La mission France de Médecins du Monde : coordonnées des CASO

http://www.medecinsdumonde.org/fr/nos_missions/france/la_mission_france

 
Explication de la nouvelle loi (Plaquette éditée par Remed en collaboration avec le ministère de la santé)

http://www.drugdonations.org/fr/plaquette_MNU_2008_VE.pdf


Point de vue : Le scandale de la loi qui va interdire le recyclage des médicaments non utilisés (06/02/2007)

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=18788


La loi du 26 février 2007 :

http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006072665&idArticle=LEGIARTI000018652359&dateTexte=20081214

 

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15 novembre 2008 6 15 /11 /novembre /2008 09:21



"Engagez-vous, rengagez-vous", qu'y disaient...

En cette période de sortie des écoles d'infirmiers, et donc de course au recrutement pour les établissements de santé, il me paraissait important de diffuser l'information suivante, attirer l'attention sur un "point de détail" des statuts de la fonction publique hospitalière : les conditions de départ des agents...

Cet article, "légèrement autobiographique" comme vous vous en doutez, n'a pas pour objet de diaboliser l'hôpital public, mais d'informer sur un certain aspect des droits et devoirs du fonctionnaire. 



   "la FPH, on sait quand on y rentre, pas forcément quand on pourra en sortir !!!"




            Vous le savez maintenant, j'aime bien provoquer un peu... Mais regardons-y de plus près.



*   Le cas le plus facile : les contractuels


Les "contractuels" ne sont pas fonctionnaires, ce sont des agents recrutés en contrat à durée déterminée. Par conséquent, c'est le droit du travail du secteur privé qui s'applique.

Le salarié peut alors quitter l'établissement à la fin de son contrat, ou encore interrompre son contrat en donnant sa démission. Il devra alors respecter un préavis :

-      8 jours si moins de 6 mois de services
-      1 mois entre 6 mois et 2 ans de services
-      2 mois si plus de 2 ans de services

Dans la pratique, je vous conseille de prévenir votre hiérarchie le plus tôt possible. Il est bien difficile de compenser les départs, aussi vous allez vous attirer les foudres de vos supérieurs si vous les prévenez au dernier moment (et un mois, c'est déjà "le dernier moment"...).



*   Stagiaires et titulaires : la "sécurité de l'emploi", oui mais... 


Après quelques mois de bons et loyaux services en tant que contractuel, votre hiérarchie vous propose une "stagiérisation"... A priori, c'est une bonne nouvelle : si l'hôpital souhaite vous garder, c'est que globalement, vous avez fait vos preuves.

Pendant la stagiérisation, vous continuez d'être évalué, et si tout se passe bien, vous êtes titularisé au bout d'un an et obtenez le fameux statut de fonctionnaire. Il présente certains avantages : augmentation assurée de la rémunération en fonction de l'ancienneté (système des échelons), primes, et surtout cotisation au système de retraite des fonctionnaires (à l'heure où j'écris, la pension à taux plein s'élève toujours à 75% du dernier salaire !).

Mais vous devez savoir que cette sécurité est à double tranchant ! En effet, à partir du moment où vous signez votre stagiérisation, vous vous engagez envers l'administration, et dorénavant,
vos choix de carrière seront soumis à son bon vouloir...


Ainsi, plusieurs de mes collègues attendent désespérement leur mutation dans un autre service depuis presqu'un an, la raison invoquée étant la difficulté de remplacement à leur propre poste, ou l'avis défavorable de l'un des cadres hiérarchiques.

Pour les "détachements", les "disponibilités", c'est la même chose : vous effectuez votre demande via un formulaire, qui est visé à tous les niveaux, puis sous quelques semaines vous recevez une réponse. Très souvent, compte tenu des sous-effectifs chroniques, mieux vaut ne pas être trop pressé...



*   Démissionner  lorsque l'on est titulaire...


J'en arrive à mon expérience : ayant depuis quelques temps le projet de travailler à l'étranger, j'ai demandé début septembre une disponibilité de trois ans à compter du 1er janvier 2009. Après un entretien tout à fait cordial avec ma cadre sup, j'ai reçu un avis favorable, "sous réserve de remplacement", avant de recevoir dans un deuxième temps une réponse négative des ressources humaines, jugeant mon remplacement impossible actuellement et me demandant de repousser mon départ hypothétique au mois de mai 2009...

Comme mon projet me tient à coeur, et n'ayant aucune garantie de pouvoir partir dans six mois, j'ai choisi de reprendre ma liberté, et démissionner.

Je pensais que c'était la seule solution pour se rendre disponible rapidement, moyennant un préavis de quelques mois. Mais j'ai appris, non sans effarement, que là encore, c'est "big brother" qui décide...

Comme le dit avec humour un certain  "Leopold Anasthase" dans un forum consacré au même thème,


              "le fonctionnaire ne démissionne pas, il demande (poliment) l'autorisation de partir !"


Vous ne rêvez pas... L'administration peut tout à fait refuser votre démission. Et même si vous disposez de recours, votre date de départ sera repoussée d'autant... Car, la deuxième "bonne nouvelle", c'est que vous avez l'obligation d'assurer la continuité des soins, aussi, si vous décidez de partir de fait (abandon de poste), vous pouvez être sanctionné disciplinairement et financièrement.

Vous trouverez davantage de détails sur les différentes étapes de la procédure en cliquant sur les liens en fin d'article, les sites de la CGT et infirmiers.com sont assez clairs.

Pour ma part, je trouve la logique de ce système assez effrayante, d'autant plus que lors de ma stagiérisation, je n'ai jamais été informée sur cette question. J'attends aujourd'hui la réponse de ma hiérarchie concernant mon devenir...


Plus grave, prenons le cas d'un soignant en difficulté sur son lieu de travail, qui souhaite quitter celui-ci au plus vite. Si sa hiérarchie s'obstine à s'opposer à son départ, que lui reste t'il comme alternative ?

a/ Continuer à travailler jusqu'à l'épuisement ou au pétage de plombs ?
b/ Se faire arrêter et couter cher à l'assurance maladie ? 
c/ Partir sans laisser d'adresse en Alaska ? 


L'image des menottes de velours vous parle t'elle ?
Vos témoignages sont les bienvenus.



Webographie :


Légifrance, statuts de la fonction publique hospitalière, loi n° 86-33 du 09 janvier 1986 :

Syndicat CGT


Infirmiers.com : carrière, la démission

Infirmiers.com : forum "démission dans la fonction publique"


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15 octobre 2008 3 15 /10 /octobre /2008 19:49


Et allez ! Depuis 24 heures, tout le monde ne parle plus que de ça, à 
croire que la crise financière s’est résolue dans la nuit !!!

Après France-Algérie en 2001, France-Maroc en 2007, c’est au tour du match France-Tunisie de faire parler de lui, plus pour l’ambiance électrique dans les gradins que pour la performance des joueurs sur le terrain.

Ô « outrage suprême envers la nation », la Marseillaise a donc été de nouveau sifflée, provoquant évidemment la colère du président et de son gouvernement… Et cet incident, qui n’est ni le premier, ni le dernier dans un stade de football, est en train de devenir le buzz de la semaine…


Alors je ne résiste pas à apporter mon modeste grain de sel : C’EST BIEN FAIT !!!

Oui, je pèse mes mots, et je précise que je suis française.

Attention, je ne cautionne pas le fait qu’un hymne national soit conspué, pour la bonne et simple raison qu’il n’y a rien de tel pour aviver les tensions entre communautés.

Mais de mon point de vue, il serait plus judicieux de faire preuve d’humilité :


                La France n’est-elle pas en train de récolter ce qu’elle a elle-même semé,
                                           et ce depuis plusieurs générations ?


Siffler l’hymne national d’un pays (où la majorité des supporters résident ou ont tissé des liens forts) lors d’un match retransmis en direct semble être devenu un moyen d’expression, peut être parce ce que le malaise, dont les racines sont profondes, ne peut s’exprimer ailleurs.

Alors quand j’entends ce soir Bernard Laporte, ministre des sports, monter sur ses grands chevaux, et proposer des sanctions (interruption des matchs et déploiement d’un dispositif de sécurité), je me dis que « là haut » au gouvernement, on ne s’intéresse qu’à la partie émergée de l’iceberg… Et qu’une fois de plus, la logique de répression prend le pas sur le dialogue, ce qui ne va pas dans le sens de l’apaisement des esprits.

Prenons donc un peu de recul, voire une posture « zen » de yoga. La France fait face à des sentiments d’hostilité, OK. Essayons de comprendre pourquoi…

Est-ce qu’éventuellement, par hasard, cela pourrait-il avoir un rapport avec…
(du plus ancien au plus récent)

  •       L’époque coloniale, l’exploitation des richesses naturelles et humaines des pays « annexés » de manière assez arbitraire par la France, des décennies durant.
  •       Les conflits meurtriers qui ont suivi la volonté de ces mêmes pays de redevenir indépendants.
  •      L’entrave au développement de certains pays africains par le soutien à des régimes dictatoriaux et corrompus, dans un but de profit économique (cf. par exemple les publications de l’association Survie sur le thème de la Françafrique : http://survie.org/).
  •      La non-reconnaissance à leur juste valeur des soldats étrangers ayant combattu dans les rangs de l’armée française pendant la seconde guerre mondiale. En effet, le montant de leurs pensions d’invalidité et de retraite restent bien inférieures à celles des soldats français, et ce même après l’effet d’annonce de Jacques Chirac suite à la sortie du film « Indigènes ».
  •       La dégradation croissante des conditions de vie dans les quartiers dits « sensibles », où vivent une majorité de personnes d’origine maghrébine ou africaine.
  •      Les discriminations subies par ces mêmes personnes dans l’accès à l’emploi, au logement, et l'insuffisance des moyens de lutte contre ce que l’on peut qualifier de « racisme ».

Et plus récemment...

  •    La création du « ministère de l’immigration et de l’identité nationale », et du concept « d’immigration choisie ».
  •      La politique répressive de N. Sarkozy via Brice Hortefeux envers les étrangers en situation irrégulière, les mauvais traitements infligés lors des interpellations ou au sein des centres de rétention.


La France, patrie des droits de l’homme ???

Lorsque pendant des années, on a créé les conditions de sentiments d’injustice, il ne faut pas s’étonner des rancœurs qui s’accumulent contre notre pays aujourd’hui…

Mais pour revenir à France-Tunisie, il ne faut pas non plus oublier le contexte « match de football ». Rassemblement de foule, esprits échauffés, présence des médias et de personnalités...
Tous les ingrédients étaient réunis pour faire monter la pression.

Essayons donc de remettre l’événement à sa juste place, celle d’un mouvement de jeunes supporters.
Mais en même temps d'entendre le message... 
Je garde l'espoir que ce soit le cas, parmi les citoyens à défaut de nos dirigeants.

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4 octobre 2008 6 04 /10 /octobre /2008 17:30



Voila ce qui arrive quand on travaille trop ! Les neurones se touchent entre eux, et chez le soignant ayant une prédisposition aux idées un peu tordues, cela donne... L'ART INFIRMIER. Parfaitement madame !



A. La feuille de trans' "arty"


(Feuille de trans' (missions) n.f
= support de travail de l'infirmier, comportant les informations essentielles sur chaque patient et les actions de soins qui en découlent. Syn : pense-bête)

Propre et organisée à la prise de poste, la feuille de trans' devient souvent au fil des heures un vrai torchon, proche de l'art brut à la fin de la journée...













































Mine de rien, il y a une logique dans tout ce bazar, j'vous jure !!!



B. La peinture en Bétadine (non, attendez un peu avant de rigoler !)


Presqu'aussi original que les "blood paintings" de Pete Doherty, mais bien moins dangereux pour la santé, la Bétadine est un matériau intéressant pour les artistes. En effet, la teinture d'iode, initialement brun-orangée, a la propriété de changer de couleur en fonction du support sur lequel elle est appliquée.

Par exemple, sur du papier "Canson", elle vire au pourpre foncé, tandis que sur du papier absorbant type "Sopalin", elle reste orange... Dingue non ?!

De plus, en la diluant plus ou moins avec de l'eau, on obtient toute une palette de couleur permettant des dégradés façon "tye & dye" !









Certes, le résultat est quelque peu abstrait et imprévisible au départ, mais en même temps cela permet de s'entrainer au test du "Rorschach" ! (vous savez, les taches d'encres que l'on vous présente lors des entretiens d'embauche...)

Et avec un peu de maitrise, on doit même pouvoir arriver à un résultat esthétique...

Autre tentative, à base de Bétadine et aquarelles :
Appelons le...

euh...

hmmmm...

Tiens !

"Hommage à la fête des mères"












































Joli ? Pas joli ? J'en sais trop rien... 
En tout cas, CA DEFOULE !!!!

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1 septembre 2008 1 01 /09 /septembre /2008 17:29

 

Je ne sais pas pourquoi, j’ai la plume désinvolte aujourd’hui, et je souhaitais rendre hommage à une espèce particulière de la gent hospitalière : le chirurgien.




Le chirurgien est  une évolution du pokémon humain. Il a environ Bac+12 et des poussières, donc de fait souvent le cheveu grisonnant et des lunettes.

Le fait de « travailler » la chair lui confère une aura particulière. Il suscite un mélange de crainte et d’admiration, dont il use parfois dans ses relations avec les patients et ses collègues de travail.

Si l’on devait analyser le patrimoine génétique d’un échantillon de chirurgiens, on retrouverait peut être une prévalence du chromosome « égocentrique », parfois couplé du gène « condescendant ».

(Pardon pour ceux qui ne le sont pas, surtout essayez de rester comme vous êtes !)

Que voulez vous, personne n’est parfait à 100%…

Connaissez-vous la petite blague murmurée dans les offices de soins : « qu’elle est la différence entre Dieu et un chirurgien ? »

Réponse : Dieu ne se prend pas pour le chirurgien…




Parler à un chirurgien n’est pas toujours une mince affaire.  Joignable en théorie sur son "bip", dans 80% des cas il ne rappelle pas, il est « au bloc » bien sur…

Comme il cumule souvent plusieurs mandats (praticien, chef de service, maitre de conférence, voire soyons fous, époux), il délègue une partie des interventions à ses internes. Jusque là tout va bien, c’est lorsqu’il continue d’empocher les dépassements d’honoraires que ça devient un poil dérangeant, enfin moi j’dis ça j’dis rien...

 

En service de médecine, on ne les côtoie que ponctuellement, mais pour se comprendre il faut connaitre la subtilité de langage suivante :

« On devrait le prendre  au bloc demain » signifie : oui, enfin d’ici quelques jours, au pire la semaine prochaine… Mais laissez le à jeun quand même on ne sait jamais !



Histoire vraie qui m’est arrivée à moi la semaine dernière et qui a inspiré cet article :

En raison de graves plaies, l'une de nos patientes a été amputée d'une jambe ainsi que d’une partie du talon opposé. L'équipe chirurgicale qui a pratiqué l'intervention devait passer « dans la matinée » pour voir l'évolution.

Après être passés la veille à 12h30, ils débarquent cette fois à 9h, ce qui n’est pas franchement une meilleure heure, le pansement étant censé être ouvert dans un environnement propre, c'est-à-dire après la toilette de la personne et le ménage de la chambre.

Mais faisons fi de ce « détail », ces messieurs n’ont pas de temps à perdre et nous n’avons pas d’autre choix que d’ouvrir le pansement, en prenant soin de balayer quelques miettes de pain qui trainent dans le lit (vestiges du petit déjeuner).

Ils n’ont tellement pas de temps à perdre que je me fais remonter les bretelles d’aller chercher du sérum physiologique pour décoller les compresses de la plaie. « Mais tirez enfin ! ». Je persiste dans ma démarche, car la patiente a mal, ce qui finit par faire sourire le « patron ». Peut être que ce trait de caractère l’amuse…

Il passe ensuite environ… 8 secondes 33' à regarder les plaies, en conclut que « c’est bien », mais lance tout de même à l’interne qui a opéré « vous avez coupé un peu court » (sic), le tout devant la patiente bien entendu, amis de la psychologie bonjour…

Puis tout ce petit monde tourne les talons et s’en va, nous laissant le soin de faire place nette et d’organiser la toilette et la réfection des pansements chez cette patiente (en isolement bien sur).


Comme dirait Philippe Katrine : J’adoooooooorrrrrreeeeeeee…

Non vraiment, ce jour la j’ai fait mon travail avec beaucoup d’amertume.

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14 juillet 2008 1 14 /07 /juillet /2008 17:54



Il n'est pas toujours facile de s'y retrouver et de connaitre ses droits, tout particulièrement lorsqu'on se trouve en situation précaire...

Voici quelques repères concernant la CMU, la CMU complémentaire, l'Aide Médicale d'Etat, le "chèque santé", et le dispositif  "soins urgents". 

Ces formules sont en principe complémentaires afin de permettre l'accès à l'assurance maladie au plus grand nombre. Les deux critères principaux d'orientation des personnes vont être :

            - la date d'entrée sur le territoire français et de la régularité ou non du séjour (pour les étrangers) ;
            - le niveau de ressources (pour tous).

 

 
La CMU de base

 


Objectif
 :

 

Permettre l’accès à l’assurance maladie aux personnes n’ayant pas droit à l’assurance maladie à un autre titre (activité professionnelle, etc.).

 

 

Conditions d’accès :

 

-       Résidence stable en France depuis trois mois minimum

 

-       Situation régulière : les personnes étrangères doivent avoir un titre de séjour en cours de validité, un document attestant qu’elles en ont demandé le renouvellement, ou encore une attestation de dépôt de demande d’asile.

 

NB : le délai de trois mois n’est pas requis :

-       pour les personnes étudiantes ou effectuant un stage dans le cadre d’un accord de coopération,

-       pour les étrangers reconnus réfugiés ou ayant demandé le statut de réfugié.


Les personnes sans domicile fixe doivent au préalable demander leur domiciliation auprès d’un Centre communal d’action sociale ou d’un organisme agréé par l’autorité préfectorale.

 

 

Formalités

 

Dépôt de la demande à la Caisse Primaire d'Assurance Maladie du domicile.

  

Une cotisation est prévue si le revenu fiscal de référence du foyer est supérieur à 8774 € (pour 2008-2009). Son montant représente 8 % du revenu fiscal dépassant le plafond.

Les bénéficiaires du RMI ou de la CMU complémentaire en sont automatiquement exonérés.

 

 

Droits

 

= Accès à l’ensemble des prestations en nature de l’assurance maladie, dans les mêmes conditions que tous les assurés sociaux.


En l’absence de complémentaire santé, la personne reste donc redevable du ticket modérateur et du forfait journalier hospitalier. Elle peut bénéficier du tiers payant sur la part sécurité sociale des dépenses, mais elle devra faire l’avance des frais restants.

 

Les droits sont ouverts à compter de la date de dépôt de la demande. Cependant, il faut souvent attendre trois semaines pour obtenir l'attestation.

Dans le cadre d'une hospitalisation, les droits peuvent être rétroactifs (deux mois).


La CMU complémentaire

 

 

Objectif :

 

Permettre l’accès à une protection complémentaire santé gratuite aux assurés CMU disposant de faibles revenus.

 

 

Conditions d’accès :

 

-       Idem CMU de base (résidence stable et régulière en France depuis plus de trois mois).

-       Ressources du foyer inférieures au plafond suivant (actualisé au 01/07/08) :


 

1 pers

2 pers

3 pers

4 pers

5 pers

6 pers

Revenus mensuels

621 €

931 €

1117 €

1303 €

1551 €

1800 €

Revenus annuels

7447 €

11170 €

13404 €

15638 €

18617 €

21595 €



Composition du foyer = demandeur, conjoint, concubin ou partenaire lié par un PACS, enfants et autres personnes de moins de 25 ans vivant sous le même toit, ou figurant sur sa déclaration fiscale ou recevant une pension alimentaire faisant l’objet d’une déduction fiscale.


Sont prises en compte
 : l’ensemble des ressources du foyer perçues au cours des 12 mois précédant la demande, y compris les prestations familiales, les pensions diverses, les revenus du capital.
Ce ne sont donc pas les ressources fiscales qui sont prises en considération, mais les revenus réellement perçus.

Les aides au logement sont prises en compte de façon forfaitaire. Les personnes ayant à leur disposition un logement, qu’elles soient locataires, propriétaires ou logées à titre gratuit, se voient également appliquer un forfait logement qui est ajouté à leurs ressources.

 


Ne sont pas prises en compte
: l'allocation personnalisée d'autonomie, l'allocation d'éducation de l'enfant handicapé, l’allocation de rentrée scolaire, les bourses de l’enseignement secondaire.

 

NB : Le plafond de ressources est différent pour les départements d’outre-mer.

 

 

Formalités


Dépôt de la demande à la CPAM du domicile.

 

La personne doit ensuite choisir l’organisme complémentaire qui gérera la couverture (sécurité sociale ou mutuelle, société d’assurances, institution de prévoyance inscrit sur la liste des organismes volontaires).

 

 

Droits

 

Ouverts pour un an. Le droit à la CMU complémentaire prend effet le premier jour du mois suivant son octroi, ou exceptionnellement avec effet rétroactif.

 

La demande de renouvellement doit être déposée par le bénéficiaire, 2 à 3 mois avant échéance. Elle est accordée si les conditions de ressources restent remplies.

 

 

Tableau des prestations :

 

 

CMU

CMU complémentaire

Consultations généralistes et spécialistes

70%

 

Part complémentaire dans la limite des tarifs de convention

 

Prise en charge du forfait journalier en cas d’hospitalisation

Pharmacie

65%

Analyses et examens

60%

Hospitalisation

80%

Transport

35%

Rééducation

40%

Optique et prothèses dentaires

Forfait

Forfait 1

 

 

NB : les prestations sont assurées dans le cadre du respect du parcours de soins coordonné. (choix d'un médecin traitant référent, etc...)

 

Les bénéficiaires de la CMU complémentaire peuvent demander le tiers payant intégral, dans la limite des tarifs de convention. Les franchises médicales ne sont pas appliquées.

 

1 - Optique et prothèses dentaires : un barème de tarifications a été fixé, variable selon les équipements nécessaires. Les équipements « de base » sont intégralement pris en charge, et les professionnels ont obligation de les proposer aux bénéficiaires de la CMU complémentaire.

Les dépassements pour d’autres prestations, lorsqu’ils sont réalisés à la demande du bénéficiaire, ne sont pas pris en charge.



Le système CMU et les professionnels de santé :

 

 Les professionnels de santé ont obligation de recevoir les bénéficiaires de la CMU, qui sont des assurés sociaux comme les autres, et de respecter les tarifs reconnus par la sécurité sociale.


Les dépassements ne sont possibles qu'en cas d’exigence particulière du malade, et les frais supplémentaires sont alors à la charge du patient. (Ex : visite à domicile non médicalement justifiée, demande de rendez-vous en dehors des heures de consultations,…).

 

Les refus de soins doivent être signalés à la caisse d’assurance maladie et peuvent faire l’objet de poursuites devant le Conseil de l’ordre concerné.

 

L’aide à l'acquisition d'une complémentaire santé   (ou « chèque santé » )

 

 

Objectif :

 

Favoriser l’accès à une couverture maladie complémentaire, pour les personnes n’ayant pas droit à la CMU complémentaire.

 

Conditions d’accès :

 

-       Idem CMU (résidence stable et régulière en France depuis plus de trois mois).

-       Revenus se situant entre le plafond de la CMU complémentaire et ce même plafond majoré de 20%.

 

Formalités :

 

La demande est à déposer auprès de la caisse d’assurance maladie.

En cas d’accord, la personne reçoit une attestation, qu’elle présente à la mutuelle, société d’assurances, ou institution de prévoyance de son choix. Elle bénéficie de la réduction correspondante sur le contrat choisi.


Droits :


Le montant de l'aide complémentaire santé est plafonné au montant de la cotisation ou de la prime due.

Il varie en fonction de l'âge : 100€ pour les -25 ans, 200€ pour les 25-59 ans, 400€ pour les +60 ans.

A la différence de la CMU complémentaire, le niveau de prise en charge des dépenses de soins va dépendre entièrement des garanties prévues dans le contrat souscrit.

Le chèque santé peut être renouvelé chaque année, à l’initiative du bénéficiaire, 2 mois avant échéance.

 

 

 
L’AME : Aide Médicale d’Etat

 


Objectif


Permettre l’accès aux soins à une partie des personnes étrangères n’ayant pas droit à la CMU.

 

Conditions d’accès :

 

-       Résidence en France de manière ininterrompue depuis plus de trois mois,

-       Situation irrégulière (absence de titre de séjour ou de récépissé de demande).

-       Ressources inférieures au plafond d’accès à la CMU complémentaire.

 
Formalités / Droits :


La demande est à déposer auprès de la CPAM.

L’AME est accordée pour un an, et les droits sont ouverts à la date de la demande.

Elle peut être renouvelée chaque année si les conditions restent remplies, à l’initiative du bénéficiaire (demande à déposer 3 mois avant échéance).

 

Les soins de maladie et de maternité sont pris en charge à 100 %, dans la limite des tarifs de convention, de même que le forfait hospitalier.

 

Concernant les frais d’optique et de dentaire, la prise en charge est minime.

 

En théorie, les professionnels de santé ont obligation de recevoir les bénéficiaires de l’AME, tout comme pour la CMU, et d’appliquer les tarifs de convention.

 

 

 
Le dispositif "soins urgents" (ou aide médicale d'urgence)

 


Objectif :

Il est réservé aux personnes n'ayant aucun accès à la couverture maladie, dans les cas suivants :

- Pronostic vital engagé

- Risque d’altération grave et durable de l’état de santé (inclut les maladies infectieuses transmissibles)

- Grossesse (examens de prévention pré et post-nataux, soins au nouveau-né, IVG).


Conditions d’accès :


- Etre de nationalité étrangère

- En France depuis moins de trois mois

- Sans possibilité d’accès à la CMU ou l’AME

 


C'est notamment le cas des
étrangers en situation irrégulière n'ayant pas encore déposé de demande de titre de séjour. 

NB : Les touristes sont censés relever de l'assurance maladie de leur pays d’origine ou avoir souscrit une assurance rapatriement.

 
Dans un tel cas de figure, mieux vaut être appuyé par une association reconnue, type Médecins du Monde.
Celle-ci a ouvert des centres d'accueil, de soins et d'orientation dans la plupart des grandes villes françaises. Après entretien, un médecin pourra rédiger un courrier à l'attention des urgences de l'hopital public le plus proche.

En cas d'urgence vitale, les formalités auprès du service social de l'hopital ou de la PASS (permanence d'accès aux soins de santé) pourront être effectuées dans un second temps.

Les centres de Médecins du Monde peuvent également assurer ponctuellement des soins de proximité.

Pour une information personnalisée, il peut être judicieux de prendre conseil auprès d'un assistant social.


----------------------------------------------------------------------------
 

 

Bibliographie :

 

Médecins du Monde : notice d’accompagnement du dossier social 2008


Liste des Centres d'accueil MDM :

http://www.medecinsdumonde.org/fr/nos_missions/france/la_mission_france

Pour la CMU :

 http://www.cmu.fr/site/index.php4
http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/F10870.xhtml#titreN1003A

 

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22 juin 2008 7 22 /06 /juin /2008 17:27




Ce n'est probablement pas un hasard si aussi peu d'ouvrages traitent des rapports humains entre professionnels de santé à l’hôpital.

C'est dommage, car d'un point de vue sociologique, le milieu hospitalier est un cas "intéressant", tant sa culture, ses codes, ses traditions influent sur son fonctionnement.

Lorsque j’étais en dernière année d’école d’infirmière, je souhaitais réaliser mon mémoire de fin d'études sur ce thème. Mes formatrices me l'ont clairement déconseillé, au risque de me « faire descendre » par le jury au moment de la soutenance...

Il y a des sujets comme ça qui fachent…
La science progresse plus vite que les mentalités.


Pourtant, regarder certaines réalités en face pourrait faire évoluer en bien la qualité des soins et l'ambiance de travail dans les services.

Les propos qui suivent n'engagent que moi, ils sont le fruit de mon ressenti et de mon expérience, ils ne s'appuient sur aucune étude / thèse / enquête, il est d'ailleurs bien difficile d'en trouver.
Par ailleurs, amis lecteurs, si vous souhaitez réagir, votre point de vue m'intéresse.



L’hopital, la "planète des Bisounours" ?
Ou Dallas ?!


Vu de loin, on pourrait penser que des personnes qui ont choisi de soigner ont des valeurs en commun : respect, altruisme, empathie, solidarité...

Attentifs les uns envers les autres, professionnels de la relation, les soignants seraient-ils des collègues de travail idéaux ?

Revenons sur Terre ! A l'hosto, comme dans le reste de la société (et au pays de Candy), il y a des gentils, des méchants, des hypocrites, des tire-au-flanc, des pervers et des bonnes poires...

On peut peut être trouver un début d'explication dans la motivation qui pousse chacun à exercer la profession de soignant. 

-          Pour certains, porter la blouse blanche (qui est un uniforme) permet d'acquérir un statut social valorisant, voire de s'identifier à un objet de fantasme collectif (le médecin, l'infirmière...).

-          D'autres personnes ont besoin de se sentir "utiles" à la société, elles cherchent une place.

Le désir inconscient de "réparation" est fréquent. La personne cherche en fait à compenser une situation d'impuissance culpabilisante vécue au cours de l'enfance (parent malade par ex)

Ces deux types de motivation donnent lieu à des comportements différents dans la manière d’être en relation avec les patients et les collègues de travail.

Dans le premier cas, le soignant cherche à être reconnu comme une personne "importante", mais peut également être attiré par l'acquisition d'un certain pouvoir. Le symbole de la blouse blanche lui donne la légitimité pour le faire.

Dans le second cas, la personne cherche la reconnaissance à travers ce qu'elle accomplit pour les autres. Elle peut avoir le sentiment de payer une « dette », et donne souvent plus qu’elle ne reçoit.
Généralement, ce sont des professionnels motivés, consciencieux, mais sensibles à la critique et sujets à l'épuisement professionnel.

Ces mêmes personnes risquent alors de se trouver en difficulté face aux soignants recherchant la relation de pouvoir, qui pourront tenter de les dominer voire de les instrumentaliser.

Pardonnez moi cette vision un peu caricaturale, il est vrai. Néanmoins, je trouve qu'elle permet de comprendre un certain nombre de conflits entre membres d'une même équipe.

Je me permets une petite hypothèse : et si ces deux types de comportement avaient une même origine, à savoir le manque de confiance en soi ?

 

Le poids des traditions religieuses…


"De toutes manières, infirmière, c’est une vocation…"

Combien de fois ai-je entendu cette phrase dans la bouche de mes proches, ou des patients.
Sous entendu : « ah la la ! elles ont du mérite, les pauvres ! ».

Personnellement, j’ai cette vision en horreur ! Parce qu’infirmier est un métier, dont les compétences sont fixées par la loi. Nous ne sommes ni des bénévoles, ni des bo-bonnes corvéables à merci.
De plus, cette sorte de pitié mal placée à la sincérité parfois douteuse me met assez mal à l'aise.

Contrairement à certains préceptes religieux (et notamment judéo-chrétiens), il n’est dans l’intérêt de personne de se sacrifier pour les autres. Car pour bien soigner les patients, il faut avant tout être bien dans sa peau, ce qui implique de prendre soin de soi et cultiver sa vie personnelle.
 

Mais dans la réalité, ce n'est pas si simple. Car dans l'intérêt "suprême" des patients, il est communément admis que l’infirmier revienne au pied levé sur ses jours de repos pour remplacer un collègue malade, il est inconcevable qu’il fasse grève « pour de vrai », et noter les heures supplémentaires relève parfois de l'outrage envers la hiérarchie
(ah le fameux « si vous êtes en retard, c’est qu’il faut revoir votre organisation, mademoiselle ! »).

Rappelons que les dernières cornettes ont disparu seulement dans les années 70 en France, et que des religieuses continuent à assurer les soins infirmiers dans des pays proches de nous comme l'Espagne.

Si je peux me permettre une petite analyse, je dirais que les vieux principes religieux de « don de soi » servent à merveille la logique financière des hôpitaux d’aujourd’hui : 


Des équipes qui travaillent avec moins d’effectifs pour le même nombre de patients, et qui font en sorte de maintenir la qualité des soins par respect pour les personnes soignées, que demander de plus ?!

 

Une organisation sociale en « castes ».



Un peu comme dans la société indienne, le personnel hospitalier est divisé en sous-groupes, avec une notion de hiérarchie très présente selon le métier exercé. Aussi, plus que la personnalité des gens, c’est la fonction qui définit les rapports humains, avec une frontière importante entre le médical et le para-médical.

L'organigramme d'un service de soins dans un CHU pourrait se résumer ainsi :

 

Professions médicales                                               Professions paramédicales


Médecins séniors et assistants                                     

Cadre infirmier (surveillant)

Internes

Infirmiers, kiné, diététicien

Externes            

Aides soignants                              

Agents de service hospitaliers                 


 

Lorsqu’on n'est pas familiarisé avec le « milieu », on a vite fait de commettre des impairs, et d'affronter des réactions hostiles dont on ne comprend pas l’origine ! 

En effet, les relations hiérarchiques reposent largement sur un mode autorité / soumission.


Aussi, même s'il pense avoir raison, un soignant ne remettra pas en cause une décision d'une personne mieux placée que lui dans la hiérarchie (en tout cas pas devant lui !).

Tout au plus, le désaccord pourra s'exprimer par une interrogation, du type "ne penses-tu pas que l’on pourrait éventuellement envisager…".

De même, on aura tendance à dire, pour parler d'un chirurgien odieux, qu’il a un "contact particulier".
C’est une question de terminologie, de diplomatie, de protocole… toutefois indispensable pour être intégré dans le « système ».

Certes, le respect de la hiérarchie est également présent dans les entreprises privées.
La spécificité hospitalière, c’est peut être l'influence du statut hiérarchique dans les relations de tous les jours, les maladresses éventuelles pouvant rapidement prendre la forme de « crimes de lèse majesté »…



Une petite anecdote de quand j’étais étudiante... Alors que je participais à la "visite" avec l'interne et mon infirmière référente, j'ai constaté que celle-ci avait oublié de transmettre une information concernant un patient. J’ai donc pris l’initiative de compléter ses propos… Malheur à moi ! Elle m’a rétorqué que je n’avais pas à parler au médecin, encore moins lui dire ce qu’il avait à faire ! Elle s’est ensuite empressée de me faire une « réputation » auprès de l’équipe, disant que je ne savais pas rester à ma place d’étudiante.



Le difficile statut des étudiants


Le nombre de blogs tenus par des étudiants paramédicaux est révélateur !
Un an pour les aides-soignants, trois ans et demi pour les infirmiers, 50% de la formation assurée par les stages... Et parfois un sacré parcours du combattant !
 



La première "qualité" de l'étudiant est sa capacité à prendre sur lui et garder le sourire en toutes circonstances...

Le premier jour de chaque stage, il supportera la même petite phrase : "eh allez, encore un élève !"

Il s'habituera à ce que l’on ne fasse pas l’effort de retenir son prénom, et fera preuve d’abnégation pour réaliser différentes tâches ingrates (et peu formatrices en général), telles qu'aller porter les prélèvements au laboratoire, récupérer des médicaments à la pharmacie, brancarder les patients en examen, quand ce n’est pas tout simplement répondre aux sonnettes et nettoyer le matériel...


Il semblerait que les frustrations éprouvées par les professionnels de santé se reportent en partie sur les « maillons faibles » de la chaine… (les étudiants ayant la pression de l'évaluation en fin de stage).

Cette situation n’est pas sans conséquences : démotivation des étudiants, auto-dépréciation, voire abandon des études, ou reproduction des mêmes schémas persécuteurs par la suite…

C'est un peu dommage lorsque l’on connait la crise des vocations en ce moment.

Ce n’est qu’en fin de formation, lorsqu’il est capable « d’abattre une part de boulot », que l'étudiant acquiert une certaine reconnaissance professionnelle. Lorsqu’il obtient son diplôme, c’est la consécration ! Il devient instantanément un interlocuteur digne de ce nom, ce qui lui fait "tout bizarre"...! 


Néanmoins, en tant que jeune diplômé, il devra faire ses preuves quelques temps encore pour gagner la confiance des "anciens"...

Bienvenue dans la "boutique" !




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Un document intéressant publié en 2001 par le Conseil supérieur de la fonction publique hospitalière : "violence à l'hopital, observer pour mieux prévenir", pages 10 à 24

http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/pub_hosp/num21.pdf


Illustrations
: merci aux Shadoks, ça n'a pas pris une ride !
Plus de dessins sur : http://www.lesshadoks.com/

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